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jeudi 31 juillet 2014

Face à face : tous les Longmorn 1996/2013 The Ultimate

Le face à face de whiskies ayant des liens très proches (même distillerie, même année de distillation et d’embouteillage, même embouteilleur, etc…) est un exercice très intéressant car il permet de comparer au même moment ces whiskies ‘’frères’’. Quand on les goûte à des moments différents, la perception de chacun peut être biaisée et les souvenirs du whisky précédent altérés. Le face à face des deux Tomatin 1978 Cadenhead et des Talisker 18 et 25 ans ont déjà été de bons exemples de cette approche.

Les 7 Longmorn The Ultimate différents
Les 7 Longmorn The Ultimate différents

Encore plus fort cette fois-ci, je vous propose le face à face de TOUS les Longmorn 1996/2013 différents embouteillés par Van Wees sous sa gamme The Ultimate. Sept Longmorn différents. Tous en single cask. Tous en brut de fût. Tous en fût de sherry. Les différences vont donc se révéler en fonction de l’empreinte que chaque fût aura laissée sur le distillat au cours des 17 ans de maturation ; le distillat de base ayant été produit le même jour par série de fût et étant donc sensiblement identique.

Deux séries de ‘’sister casks’’ (fûts aux numéros successifs) ont été utilisées pour ces embouteillages : une série de 5 fûts (numérotés 72315, 72318, 72319, 72323 et 72324) et une série de 2 fûts (numérotés 105091 et 105092). On peut s’attendre à une différence marquée entre les deux séries, mais en principe à des subtilités beaucoup moins marquées entre les fûts d’une même série. D’où l’importance de goûter ces whiskies au même moment donné.

J’ai réalisé cet exercice à l’aide d’un complice lui aussi amateur éclairé, et nous avons décidé de goûter ces Longmorn par ordre croissant de numéro de fût, le titrage en alcool étant sensiblement proche entre les whiskies d’une même série de fûts. Voici mon verdict :

Longmorn 01.05.1996 / 03.06.2013 The Ultimate, Sherry Butt #72315, 606 bouteilles, 57.5%
  • Nez : Puissant, boisé, très fruité sur les fruits rouges confits et très cuits (cerise, cassis). Un millipoil de résine et de poussière.
  • Bouche : Une attaque franche, puis elle s’assagit sur la cassonade liquide, les épices douces, une pincée de poivre et les fruits noirs ( cassis, prune).
  • Finale : Longue, légèrement sèche et poivrée. Les fruits noirs perdurent.
  • Verdict : Puissant, charpenté, goûteux, ça colle en bouche. Miam.
  • 89/100.
Longmorn 01.05.1996 / 23.07.2013 The Ultimate, Sherry Butt #72318, 608 bouteilles, 57.8%
  • Nez : Frais, herbacé, bourbonneux. De la rhubarbe, des agrumes. Sans oublier bien sûr la couche sherry, plus sage que pour le fût 72315. Moins brute, plus subtil.
  • Bouche : Sirupeuse et sucrée (sucre candy). Du raisin, quelques gouttes de vinaigre balsamique. Légèrement surette.
  • Finale : Moyenne. Des épices douces, une légère acidité. Une sécheresse reste en bouche, et une amertume persiste.
  • Verdict : Celui-ci est tout à fait convenable mais me plaît moins que le fût 72315 de par les côtés acidulés et amers présents.
  • 86/100.
Longmorn 01.05.1996 / 23.07.2013 The Ultimate, Sherry Butt #72319, 600 bouteilles, 57.2%
  • Nez : Assez proche de celui du fût 72315, mais un peu plus résineux et épicé. Grosse odeur de banane flambée qui passe puis disparaît.
  • Bouche : Un kick qui donne des frissons. De la cassonade, du bois précieux, des fruits rouges cuits. Du chocolat au lait praliné aussi.
  • Finale : Moyenne. De la résine dans la gorge et des épices en bouche.
  • Verdict : Assez proche du fût 72315, mais celui-ci est un brin plus complexe et me donne aussi des frissons de contentement en plus.
  • 90/100.
Longmorn 01.05.1996 / 11.10.2013 The Ultimate, Sherry Butt #72323, 608 bouteilles, 57.5%
  • Nez : Proche des fûts 72315 et 72319 au niveau des odeurs, avec aussi une pointe de camphre et d’herbe sèche. Un nez doux et linéaire.
  • Bouche : Du sucré / poivré / salé. Les fruits sont quelque peu occultés par le poivre, très présent.
  • Finale : Assez courte sur une légère amertume fruitée.
  • Verdict : Un nez sympa, mais la bouche et la finale sont monolithiques et assez plates. L’un dans l’autre, la qualité est équivalente à celle du fût 72318.
  • 86/100.
Longmorn 01.05.1996 / 11.10.2013 The Ultimate, Sherry Butt #72324, 621 bouteilles, 57.4%
  • Nez : Puissant et résineux, il fait d’abord penser au nez du fût 72315. Puis il se fait rhumesque et mélassé. Des traces de chocolat à la menthe.
  • Bouche : Du cuir, de la viande, de la mélasse. Epices douces. C’est puissant, sec, charpenté.
  • Finale : Courte. Des épices exotiques, une sécheresse boisée, des herbes aromatiques.
  • Verdict : On pourrait presque le confondre avec un rhum de mélasse. Je le trouve aussi assez déstructuré, ça part dans tous les sens (sans que cet aspect soit dérangeant). Mais il est par contre écœurant, un seul dram suffit amplement.
  • 85/100.
Comme il faisait beau, nous avons effectué (en partie) le face à face à l'extérieur
Comme il faisait beau, nous avons effectué (en partie) le face à face à l'extérieur
Longmorn 25.06.1996 / 25.11.2013 The Ultimate, Sherry Butt #105091, 588 bouteilles, 60.8%
  • Nez : On change clairement de registre comparé aux fûts 72XXX ! Du cuir, du tabac, du thé sec, du pain grillé. Austère et rustique. De l’abricot sec apparaît par la suite.
  • Bouche : Montée en puissance de la bouche. Rude. L’alcool arrache. Très poivrée.
  • Finale : L’alcool est très présent et occulte le reste.
  • Verdict : Rustique, hard, difficile à dompter. J’ai du mal à l’appréhender et à finir le dram. Il nage, par contre, très bien : l’alcool se fait plus sage et l’abricot sec domine.
  • 83/100.
Longmorn 25.06.1996 / 22.11.2013 The Ultimate, Sherry Butt #105092, 582 bouteilles, 60.1%
  • Nez : Linéaire mais agréable. Du cuir, du tabac. Viandé aussi (steack frais). Herbes aromatiques. Gingembre. Dans la même famille que le nez du fût 105091.
  • Bouche : Moins agressive et plus fondue que celle du fût 105091, mais l’alcool est néanmoins bien présent. Cassonade, fruits cuits.
  • Finale : Plus alcooleuse que la bouche. Heureusement, elle n’est pas longue.
  • Verdict : Moins agressif que le fût 105091, plus rond, plus complexe. Mais tout aussi rustique, il doit se faire dompter tout autant.
  • 85/100.
Quelle couleur !
Quelle couleur !

L’un dans l’autre, tous ces Longmorn 1996 The Ultimate sont globalement de bonne facture, même si certaines différences se marquent au niveau des cotes qui oscillent du dispensable à l’excellent. Une nette différence est perceptible entre la série des fûts 72XXX et celle des fûts 105XXX. Une bonne série de bouteilles (qui, en plus, étaient à un prix plus qu’attractif à leur sortie) de la part de l’embouteilleur Van Wees. D’ailleurs les amateurs ne s’y sont pas trompés ; presque toutes ces bouteilles sont sold out depuis longtemps.

J’ai fort apprécié ce face à face qui m’a permis de bien pouvoir différencier ces Longmorn qui m’auraient semblés beaucoup plus proches l’un de l’autre qu’ils ne sont en réalité si je les avais goûtés à des moments différents.

Promis, je vous proposerai encore des face à face dans l’avenir. Dont un royal. Mais ce n’est pas pour tout de suite, patience… ;-)

lundi 28 juillet 2014

Glen Keith 20 ans The Nectar of the Daily Drams, 54.2% (IB)

Glen Keith 20 ans The Nectar of the Daily Drams, 54.2% (IB)

Je commence à apprécier de plus en plus les embouteillages indépendants de la distillerie Glen Keith. Il faut dire qu’il n’existe pratiquement aucun embouteillage officiel, d’ailleurs. En règle générale (en tout cas ceux que j’ai eu l’occasion de goûter) ces embouteillages sont de bonne qualité, bien goûteux, amples et particulièrement fruités. J’ai déjà publié des notes de quatre Glen Keith par le passé (le champ de recherche du blog vous aidera à trouver ces articles ;-) ), en voici un cinquième.

Cette fois-ci il s’agit du Glen Keith 20 ans embouteillé par l’embouteilleur belge The Nectar, sous sa gamme The Nectar of the Daily Drams, distillé en 1991 et embouteillé en 2012, en brut de fût titrant à 54.2%.

  • Nez : Un nez très fruité, comme je m’y attendais. De la compote de poire, un soupçon de pomme verte, de la vanille sucrée, une pointe de pamplemousse. Doux, sucré, suave.
  • Bouche : L’alcool n’agresse pas et est bien intégré, portant les saveurs fruitées et sucrées. Toujours la poire juteuse et bien mûre, et du pamplemousse à profusion. Quelques fruits exotiques gorgés de soleil. Une bouche capiteuse et couvrante.
  • Finale : Une pincée de poivre et des échardes de bois sec. Des zestes d’agrumes légèrement amers. L’alcool réchauffe les joues. Une finale assez longue sur cette chaleur.
  • Verdict : Un whisky très agréable, facilement buvable, très fruité sans être monolithique. Un autre Glen Keith à considérer.
  • 88/100.

Ce Glen Keith était en promo spéciale (les soldes, peut-être ?) en juillet chez Massen au prix de 65€, ce qui est franchement une bonne affaire ! Je ne sais pas si la promo va continuer jusqu’à épuisement des stocks ou s’arrêter début août, mais si vous avez l’occasion de faire un saut au Luxembourg, n’hésitez pas !

dimanche 20 juillet 2014

Focus sur la boutique Jurgen’s Whiskyhuis (Zottegem)

Focus sur la boutique Jurgen’s Whiskyhuis (Zottegem)

Jurgen’s Whiskyhuis est un acteur majeur dans le monde du whisky en Belgique. Non seulement Jurgen gère sa boutique (sur laquelle je me concentrerai dans cet article), mais il est aussi distributeur exclusif de plusieurs embouteilleurs (voir ci-dessous) et organise deux festivals de whisky par an (Le Whisky Festival des embouteilleurs indépendants à Alost qui s’est déroulé fin avril, et le Whisky Aan Zee qui se tiendra à Middelkerke en octobre prochain).

Jurgen’s Whiskyhuis est situé à Zottegem, en Flandre Orientale (entre Bruxelles et Gand). N’ayons pas peur de le dire : c’est au beau milieu des champs, dans un cadre on ne peut plus rural. Et loin de la sortie d’autoroute la plus proche. Y aller prend un certain temps quand on y va de n’importe où en Wallonie, mais franchement ça vaut le coup de par le choix en whisky présent.

Jurgen a inauguré sa nouvelle boutique en décembre 2013, juste à côté de l’ancienne qui était devenue franchement trop exiguë. La nouvelle boutique est plus spacieuse, plus aérée, et sur 3 niveaux.

Le rez-de chaussée est occupé par la boutique en elle-même, c’est-à-dire les bouteilles diverses et variées. A l’avant les bourbons et les coffrets cadeaux, le comptoir de Jurgen, et ensuite tout le mur jusqu’au fond de la boutique est couvert d’étagères remplies de bouteilles, principalement d’embouteilleurs indépendants. Le classement est assez simple : d’abord tous les embouteilleurs exclusivement importé par Jurgen en Belgique (j’y viens, j’y viens !), puis les single malts internationaux hors Ecosse, et enfin (la plus grosse partie du stock) les single malts et single grain écossais par région et ordre alphabétique des distilleries.

Les étagères pleines de bouteilles...Les étagères pleines de bouteilles...Les étagères pleines de bouteilles...

Les étagères pleines de bouteilles...

Mais quels sont les embouteilleurs exclusivement importés en Belgique par Jurgen ? Je vous en parle depuis le début l’article, je présume que vous trépignez d’impatience de le savoir ;-). Voilà voilà :

  • A.D. Rattray
  • Kintra
  • Liquid Treasures
  • Master of Malt (gamme ‘’That Boutique’’)
  • Samaroli
  • Sansibar
  • Silver Seal
  • Whisky-Doris

Pas mal, n’est-ce pas ? Ca fait pas mal de choix, pour tous les goûts et toutes les bourses.

Les embouteillages A.D. Rattray, Kintra, Samaroli, Silver Seal et That Boutique.
Les embouteillages A.D. Rattray, Kintra, Samaroli, Silver Seal et That Boutique.Les embouteillages A.D. Rattray, Kintra, Samaroli, Silver Seal et That Boutique.
Les embouteillages A.D. Rattray, Kintra, Samaroli, Silver Seal et That Boutique.Les embouteillages A.D. Rattray, Kintra, Samaroli, Silver Seal et That Boutique.

Les embouteillages A.D. Rattray, Kintra, Samaroli, Silver Seal et That Boutique.

Concernant les prix, Jurgen's Whiskyhuis est dans la moyenne des autres boutiques (hors Belgique) vendant ces embouteilleurs indépendants. J’aime rappeler que les prix des embouteillages indépendants sont généralement uniformes entre les pays, à quelques euros près. Concernant les embouteillages officiels, qui sont minoritaires chez Jurgen, là une fois de plus impossible de concurrencer les web shops hollandais.

Focus sur la boutique Jurgen’s Whiskyhuis (Zottegem)

Le premier étage de la boutique est actuellement réservé aux étagères contenant les bouteilles de rhum et à une salle de dégustation (Jurgen en organise de façon régulière).

Le deuxième étage, quant à lui, n’est pas encore terminé. Quand il le sera, il sera dédié à un espace de dégustation permanent, sous système de ‘’pay-per-dram’’ (prix au dram). Il y aura… plus de 950 bouteilles ouvertes à la dégustation ! De quoi découvrir certains whiskies épuisés depuis longtemps, ou goûter un whisky spécifique avant achat.

Jurgen’s Whiskyhuis a bien évidemment un site web et vend aussi par correspondance, pour ceux qui ne pourraient pas se déplacer. Personnellement je ne suis pas fan de son site. Je ne le trouve pas clair, les descriptions sont souvent incomplètes, les photos trop petites, le site n’est pas très agréable ni intuitif. Il n’y a pas non plus de système de paiement immédiat avec frais de port connu ; il faut attendre la facture de Jurgen (ce qui peut parfois prendre plusieurs jours) avant d’effectuer le paiement. Je préfère franchement me déplacer pour toucher ma bouteille, discuter un coup avec Jurgen, et repartir avec ma bouteille sous le bras. Question de point de vue.

Focus sur la boutique Jurgen’s Whiskyhuis (Zottegem)

Jurgen a récemment sélectionné un fût d’Ardbeg de 20 ans d’âge embouteillé spécialement pour sa boutique par A.D. Rattray. J’ai eu le plaisir et le privilège de le goûter :

Ardbeg 20y ‘’Uisge Beatha Taigh’’, 28.10.1993/02.05.2014, Sherry Hogshead 1732, 57.1%, 142 bouteilles :

La tourbe n'est pas envahissante, un délicat fruité est présent ainsi qu'une certaine douceur sucrée (l'apport du fût de sherry, probablement second ou troisième remplissage ?) en fin de bouche. La finale est interminable sur une fumée légère mélangée à de la compote de fruits jaunes. Bien complexe, l'alcool superbement intégré (impossible de deviner qu'il titre à 57%), un excellent dram. Dommage que le prix (325€), trop élevé à mon sens, soit rédhibitoire. 90/100.

(J’en profite pour remercier Jurgen de me l’avoir fait goûter ; moi qui ne suis pas fan d'Ardbeg en général, je l'ai beaucoup apprécié !)

Pour conclure, je ne peux que vous conseiller de faire un saut chez Jurgen’s Whiskyhuis pour vous en prendre plein les mirettes, et… repartir de là avec un portefeuille plus léger. Pour l'adresse précise, et les jours et heures d’ouverture, je vous renvoie à son site web dont le lien se trouve ci-dessous.

mercredi 16 juillet 2014

Visite de la distillerie The Belgian Owl

Visite de la distillerie The Belgian Owl

La Belgique compte plusieurs distilleries de whisky, dont la plus connue est située en Wallonie, dans la région de Liège. Il aurait été sacrilège de la part d’un blog dont le lecteur cible est le Wallon amateur de whisky de ne pas la visiter. Dont acte…

Visite de la distillerie The Belgian Owl

Par une belle après-midi de début d’été, j’ai eu l’occasion de visiter la distillerie belge The Belgian Owl. Cette visite de groupe (nous étions environ une vingtaine de personnes) fut animée par Etienne Bouillon, le patron et fondateur de la distillerie.

La visite a commencé par un long discours à quelques mètres de la distillerie, au bord d’un champ d’orge. Les explications d’Etienne ont été vastes et complètes sur l’histoire de la fondation de The Belgian Owl, ses difficultés à trouver des aides financières pour lancer son projet un peu fou (aides financières qui ne furent finalement pas des banques mais d’un mécène privé séduit par la folie de la chose).

Il fallait en effet être un peu (ou complètement ?) fou pour vouloir lancer une distillerie de single malt en Belgique, alors que le marché est bien accaparé par les marques écossaises et (dans une moindre mesure) japonaises. Surtout avec comme objectif de produire le meilleur whisky du monde (dixit Etienne lui-même), rien que ça !

Et pourtant, mine de rien, petit à petit, The Belgian Owl a réussi à gagner ses galons qualitatifs dans le monde du single malt et à se développer sur le marché. Pour arriver à cette qualité et cette reconnaissance du public, Etienne a misé sur un facteur bien précis pour se démarquer des autres distilleries : son terroir local !!

Visite de la distillerie The Belgian Owl

L’orge est cultivée à proximité de la distillerie, en Hesbaye Sèche (appelée ‘’Sèche’’ en raison de l’absence de source d’eau en surface et de la présence d’une nappe phréatique en sous-sol), sur une superficie de 62 hectares (chaque hectare produisant entre 6 et 7,5 tonnes d’orge maltable). La région de Hesbaye a été choisie en raison de son sol limoneux particulièrement propice à la culture de l’orge. Une aubaine que ce genre de sol, assez rare au demeurant, se trouve juste à côté de la distillerie !

Celle-ci a des accords avec six agriculteurs qui cultivent l’orge de la distillerie. Ces accords sont basés sur un commerce équitable ; les prix de vente étant définis entre la distillerie et les agriculteurs en début d’année, sans trop se soucier des cours boursiers de l’orge. Si les cours officiels étaient suivis, ce ne serait tout bonnement pas rentable pour les agriculteurs. Etienne Bouillon a donc trouvé un système satisfaisant toutes les parties pour se faire approvisionner en orge. Outres les accords sur le prix, The Belgian Owl a aussi convenu avec les agriculteurs que le type de culture adopté serait raisonné. Cela signifie (dans les grandes lignes) que la nature fait son office, et que l’homme n’intervient artificiellement que si cela est nécessaire.

L’orge utilisée est une orge de printemps, semée en mars/avril et récoltée en été. Elle est ensuite stockée pendant une période (appelée ‘’de dormance’’) de 4 mois. Puis les 470 tonnes deviennent maltables et sont envoyés à la malterie du Château de Beloeil, où elles sont séchées à l’air sec après maltage. La malterie stocke l’orge maltée, et The Owl Distillery le récupère petit à petit pour la distillation finale.

La Hesbaye Sèche est, en raison de son sous-sol peu commun, surveillée par les instances publiques sur les produits chimiques et pesticides utilisés sur les champs de culture. Les agriculteurs ne peuvent pas faire n’importe quoi, ce qui assure une certaine protection au sous-sol contre la pollution. Et par extension, l’eau des nappes phréatiques souterraines est elle-aussi préservée. Une autre aubaine pour la distillerie qui utilise cette eau dans le processus de distillation, via un puits de 38 mètres de profondeur.

Le sous-sol (dont les minéraux sont, soit dit en passant, le principal responsable des saveurs du ‘’new make’’), l’eau, la culture locale et raisonnée, le maltage et la distillation ; tous ces facteurs locaux mis ensemble forment ce terroir de proximité cher au cœur d’Etienne Bouillon : des matières premières et une production locales et de qualité pour garantir un whisky de la meilleure qualité possible.

Visite de la distillerie The Belgian Owl

Parlons justement de la distillation, qu’Etienne nous a expliquée ; après notre visite des champs ; dans la distillerie elle-même.

Je ne vais bien évidemment pas vous réexpliquer les principes de distillation du whisky, je l’avais déjà fait dans un article à ce sujet.

La distillerie se trouve dans une ancienne ferme reconvertie, dont le corps de logis est habité par le fils du propriétaire des lieux (la distillerie n’en étant pas la propriétaire) ; fils travaillant d’ailleurs à la distillerie avec Etienne. Une aile de la ferme est occupée par la zone de distillation, l’autre aile occupant la zone de stockage des fûts (un entrepôt fermé du sceau du service public s’occupant des taxes et accises) et le ‘’visitor centre’’, actuellement encore en rénovation et qui accueillera dans l’avenir les visiteurs et invités.

Les visiteurs ne peuvent pas se balader dans la zone de distillation, pour des raisons de sécurité et d’assurances. Etienne nous a donc expliqué le processus et présenté son équipement depuis l’entrée de la zone.

Parmi son équipement, le plus prestigieux est bien évidemment les deux alambics (en cuivre) de type pot still et le spirit safe datant d’il y a plus d’un siècle et originellement utilisés chez Caperdonich en Ecosse, une distillerie définitivement fermée en 2002. Etienne a pu les racheter à la société Forsythe (une société qui construit des alambics en Ecosse et qui est propriétaire de ce qui reste de Caperdonich) grâce à Jim McEwan, le patron de la distillerie Bruichladdich chez qui il a suivi un écolage en distillation et avec qui il est resté ami. Les deux alambics sont arrivés en Belgique et ont été installés à Fexhe-le-Haut-Clocher en février 2013. 2014 est donc la seconde année où ils sont utilisés, et ils ont permis d’augmenter grandement la capacité de production.

Le matériel de distillation, les cuves de distillation, un des deux alambics (anciennement de chez Caperdonich), et le spirit safe (idem)Le matériel de distillation, les cuves de distillation, un des deux alambics (anciennement de chez Caperdonich), et le spirit safe (idem)
Le matériel de distillation, les cuves de distillation, un des deux alambics (anciennement de chez Caperdonich), et le spirit safe (idem)Le matériel de distillation, les cuves de distillation, un des deux alambics (anciennement de chez Caperdonich), et le spirit safe (idem)

Le matériel de distillation, les cuves de distillation, un des deux alambics (anciennement de chez Caperdonich), et le spirit safe (idem)

Visite de la distillerie The Belgian Owl

Les fûts utilisés pour maturer le whisky sont des fûts exclusivement de premier remplissage de Bourbon de chez Heaven Hill, qui arrivent non démontés directement des Etats-Unis. The Belgian Owl ne réutilise jamais ses fûts après la mise en bouteille, et les revend à qui le veut.

Visite de la distillerie The Belgian Owl

A la fin de la visite, nous avons pu goûter du ‘’new make’’ (du jeune distillat non maturé en fût) et du whisky ayant maturé 3 ans en fût ; tous deux réduits à 46%. Le new make est très fruité sur le raisin et rappelle un peu la Grappa. Le whisky est lui aussi fruité, doux, et agréable. Mais The Belgian est-il le meilleur whisky du monde ? Bien évidemment la perception qu’on a d’un whisky est toute personnelle (je l’ai assez répété sur le blog !), et pour ma part je pense que ce whisky est encore trop jeune que pour être considéré comme étant le meilleur. Mais il a clairement un très bon potentiel qualitatif et gustatif. Je pourrai me faire une idée plus précise quand je pourrai goûter un 10 ou un 12 ans d’âge. Encore quelques années de patience…

La visite, en tout cas, était bien sympa, intéressante et éducative ; ce qui est l’essentiel et ce qu’on est en droit d’en attendre.

Si vous aussi vous avez envie de visiter The Belgian Owl, il vous est possible de contacter la distillerie par email ou par téléphone via son site web.

Je tiens à remercier Etienne Bouillon pour sa gentillesse et sa disponibilité lors de cette visite ; et je salue sa passion pour le whisky (en général) et pour son terroir (en particulier).