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jeudi 13 novembre 2014

Le "teaspooning"

(photo The Blushing Teacup)
(photo The Blushing Teacup)

Votre curiosité à propos du teaspooning a certainement été titillée par l’article d’hier consacré à un Burnside. Logique, c’est un terme qu’on ne croise pas tous les jours et qui demande des explications.

Le teaspooning est le fait d’ajouter une très petite quantité d’un single malt à un fût d’un autre single malt. Généralement on obtient un mélange de 99% d’une sorte, avec 1% de l’autre. D’où le terme ‘’teaspooning’’, ajout d’une cuiller à thé. Ça, c’était la définition de base. Mais ça engendre pas mal de questions annexes et de réflexions qui en résultent.

Pourquoi faire du teaspooning ?

Franchement, les 1% de single malt ajoutés au reste n’auront clairement pas grande influence au niveau gustatif ou qualitatif. C’est la goutte d’eau dans l’océan. Alors pourquoi un tel procédé ?

Quand on réfléchit de façon analytique, on se rend compte très vite que ces 1% ajoutés feront que le résultat ne sera plus du single malt, mais du blended malt. Oui, le moindre mélange de single malts de différentes distilleries, même en très petites quantités, empêche d’utiliser l’appellation de single malt. Et empêche aussi, du coup, d’indiquer les noms des distilleries sur l’étiquette. C’est la loi, c’est comme ça, ça fait partie des règles de la SWA (Scotch Whisky Association). Et c’est justement pour cela que le procédé de teaspooning existe : empêcher que des whiskies non officiels ne soient mis sur le marché en affichant clairement tel ou tel nom de distillerie.

Certaines distilleries, donc, vendent des fûts aux brokers (grossistes en fûts), aux blenders, ou aux embouteilleurs indépendants mais ne veulent pas que le nom de leur distillerie apparaisse sur l’embouteillage en devenir, quel qu’il soit. Afin de s’en assurer, la distillerie fait du teaspooning (qui n’entachera en rien la qualité du whisky se trouvant dans le fût) avant de vendre le fût, histoire d’être certaine que son nom ne sera pas indiqué. Pas bête, et imparable.

OK, mais alors, qu’est-ce que j’ai dans mon verre ?

Ha ça, c’est bien évidemment sur cette question que les plus grandes interrogations demeurent. Car même si certains noms de ‘’teaspooned whiskies’’ sont supposés contenir tel et tel single malt, rien légalement ne le garantit. Néanmoins, certaines sources concordent assez pour pouvoir confirmer certains noms :

  • Burnside : 99% Balvenie, 1% Glenfiddich
  • Wardhead : 99% Glenfiddich, 1% Balvenie
  • Westport : 99% Glenmorangie, 1% Glen Moray

Seulement trois noms ??? Hééé oui, ce sont les seuls que j’ai pu trouver ayant une référence à propos des single malts teaspoonés. C’est peu, finalement. On pourrait commencer à se croire à l’abris d’embouteillages obscurs dont on ne connaît pas l’origine (indépendamment de sa qualité, dont il n’est pas question dans cet article).

Et pourtant, il existe de plus en plus d’embouteillages (principalement indépendants) de single malt dont la distillerie n’est pas renseignée. Si l’information ‘’single malt’’ apparaît sur l’étiquette, au moins on est sûr que ce n’est pas du teaspooned. Mais la distillerie n’a néanmoins pas voulu, pour une raison ou une autre, que son nom apparaisse sur la bouteille. Glenfarclas est un exemple connu ; il n’en existe quasi aucun embouteillage indépendant (bien souvent les ‘’Undisclosed Speyside Distillery’’ sont des Glenfarclas. Ou pas. On ne peut pas en être certain, en fait. C’est le flou complet. Juste des rumeurs). C’est un gros boxon, n’est-ce pas ? Pas facile de s’y retrouver, n’est-ce pas ? Et le pire, c’est que ça risque de se généraliser chez les embouteilleurs indépendants ; les distilleries essayant de plus en plus de protéger leurs noms. Wait & See (again)…

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