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dimanche 8 mars 2015

Dossier ‘’irlandais’’, volet 3 : quatre indépendants (Knappogue Castle, Writer’s Tears, Teeling Small Batch, et Irish 13 ans A.D. Rattray)

Si ce n’est déjà pas facile de s’y retrouver dans toutes les marques et noms des embouteillages officiels des distilleries irlandaises, c’est encore plus prise de tête avec les embouteillages indépendants.

Il y a bien évidemment les embouteilleurs indépendants déjà actifs dans le whisky écossais qui, parfois, proposent un embouteillage de whiskey irlandais. Le nom de la distillerie n’est quasi jamais indiqué, d’ailleurs ; et est remplacé par un ‘’Irish’’ ou ‘’Ireland’’ énigmatique. Un bon exemple est l’Irish d’A.D. Rattray présenté ci-dessous.

Et puis il y a les embouteillages de sociétés indépendantes ne proposant que du whiskey irlandais. Le nom des distilleries n’est pas plus connu, mais ces sociétés sortent leurs embouteillages sous un nom de marque qui leur est propre et qui pourrait faire penser à un nom de distillerie si on ne s’y connaît pas spécialement en whiskey irlandais. Je vous en propose trois différents ci-dessous, avec explication succincte.

Dossier ‘’irlandais’’, volet 3 : quatre indépendants (Knappogue Castle, Writer’s Tears, Teeling Small Batch, et Irish 13 ans A.D. Rattray)
Knappogue Castle 1995 / 2008, 40%

Knappogue Castle est un château (comme son nom l’indique) datant du XVème siècle. Situé à County Clare à l’Ouest de l’Irlande et racheté en 1996 par une société de développement, il est ouvert au public et peut être loué pour des événements tels que des mariages, par exemple. Le lien entre le château et le whiskey n’est plus que purement historique aujourd’hui. En effet, le whiskey Knappogue Castle est une marque de Castle Brands, une société américaine spécialisée en alcools fondée en 1998 par Mark Andrews III, le fils du Mark Andrews qui était propriétaire du château de 1966 à 1996. Il a gardé le nom du château pour sa marque de whiskey, même si celui-ci n’a aucun rapport direct. La distillerie d’origine du whiskey Knappogue Castle n’est pas connue officiellement (et n’est absolument pas citée sur le site internet de la marque, d’ailleurs, ce qui pourrait même faire croire que Knappogue Castle EST la distillerie), mais certaines rumeurs indiqueraient que le Knappogue Castle de 1990 à 1992 était du Cooley, celui de 1993 à 1995 (le vintage qui nous occupe aujourd’hui) du Bushmills, et le 12 ans lui aussi du Bushmills.

  • Nez : Une grande fraîcheur de fleurs printanières. Une très très légère salinité (qui disparaît vite). Des fruits tout juste sortis du frigo (banane, poire, pomme, pamplemousse). Du thé vert de chine.
  • Bouche : Une salade de fruits jaunes et blancs, avec quelques quartiers de pamplemousse amer. La réduction se sent, mais ne dérange pas ; ce n’est pas aqueux. La fraîcheur du thé vert est encore bien présente.
  • Finale : L’amertume fruitée s’affirme plus. Quelques épices piquantes, et le thé herbacé assèche assez bien la bouche.
  • Verdict : La sécheresse de la finale n’est pas trop mon truc, sinon ce profil très frais et très fruité, équilibré et très facile d’accès font de ce whiskey un candidat idéal à l’apéro.
  • 86/100.

Encore disponible sur internet (et peut-être aussi chez quelques cavistes, mais aucune idée précisément où) pour ±45€.

Dossier ‘’irlandais’’, volet 3 : quatre indépendants (Knappogue Castle, Writer’s Tears, Teeling Small Batch, et Irish 13 ans A.D. Rattray)
Writer’s Tears Pot Still Irish Whiskey, NAS, 40%

Walsh Whiskey Distillers est une société qui voit grand. Tellement grand que la construction de sa distillerie vient de débuter au Sud de Dublin et devrait être achevée début 2016. En attendant de pouvoir produire et vendre son propre whiskey, Walsh Whiskey Distillers achète des fûts et les embouteille sous ses marques. Sa première gamme est l’Irishman, décliné en plusieurs versions. Sa seconde gamme, est le Writer’s Tears qui est un blend de Pure Pot Still et de Single Malt. Ce Writer’s Tears existe en deux versions : une titrant à 40% (celle qui nous occupe aujourd’hui), et une série limitée à 2500 bouteilles en brut de fût titrant à 53%.

  • Nez : Un nez sage sur le fruité frais et acidulé. Beaucoup d’agrumes, un peu de miel et d’abricot sec. Quelques pistils de fleur.
  • Bouche : Un mélange de fruits blancs, jaunes, et d’agrumes. Monolithique, simple, mais frais et agréable. De légères vagues herbacées.
  • Finale : Très courte. Une petite amertume abricotée, puis tout s’en va rapidement et on a envie de prendre la prochaine gorgée.
  • Verdict : A nouveau, un entrée de gamme irlandais très facile d’accès, frais et fruité. Ca se boit comme de l’eau. Mais pourrait peut-être être taxé de ‘’trop’’ simple par certains.
  • 84/100.

Disponible assez facilement chez les cavistes pour une trentaine d’euros.

Dossier ‘’irlandais’’, volet 3 : quatre indépendants (Knappogue Castle, Writer’s Tears, Teeling Small Batch, et Irish 13 ans A.D. Rattray)
Teeling Whiskey Small Batch, Rum Casks, embouteillé en 02.2013, NAS, 46%

Teeling ? Mais le Blog a déjà cité ce nom !! Réfléchissons… Mais c’est bien sûr ! Pas plus tard que dans le focus sur les distilleries irlandaises, le nom John Teeling est venu sur le tapis. Oui oui, John Teeling était le fondateur de la distillerie Cooley. En 2011 Cooley est revendue, et Jack (un des fils de John et Directeur de Cooley à ce moment-là) fonde la société Teeling. Son frère Stephen le rejoint en 2013, et ensemble ils lancent le projet de construire une distillerie à Dublin. Cette distillerie vient d’être inaugurée début 2015. Mais comme l’argent est le nerf de la guerre, il a fallu remplir les caisses le temps que la distillerie soit construite et il faudra encore le faire le temps que le whiskey produit de la distillerie Teeling soit commercialisable. Apparemment les frères Teeling ont un stock plus que conséquent de fûts de whiskey irlandais ; restants de la production Cooley mais aussi de Midleton et Bushmills. Ce sont ces whiskeys qui sont actuellement embouteillés et vendus sous le label Teeling. La gemme de Teeling comprend quatre embouteillages : le Small Batch qui est un blend en fûts de rhum, un single grain, un single malt sans âge, et un single malt de 21 ans d’âge.

  • Nez : Le whiskey de grain est immédiatement perceptible, de par son odeur bien particulière (et assez difficile à définir) de fruit sec légèrement sucré et liquoreux. Derrière ça, du raisin blanc, de la pomme et un peu de fraîcheur herbacée.
  • Bouche : De la pomme acide. Le whiskey de grain est ici aussi très présent, apportant une rondeur à l’ensemble et un côté liquoreux marqué. Une amertume de fruit sec grandit en bouche.
  • Finale : Moyenne. Un peu de sécheresse amère d’abricot sec qui perdure.
  • Verdict : Personnellement, j’ai un peu de mal avec le jeune whisky de grain en général. Il me semble majoritaire ici, rendant ce whiskey rapidement écœurant. Quant à l’empreinte du rhum, je ne l’ai pas décelée. Je trouve le nez sympa, mais le reste ne correspond pas du tout à mes goûts.
  • 79/100.

Cet entrée de gamme de chez Teeling est très largement disponible chez les cavistes pour environ entre 25 et 30 euros.

Dossier ‘’irlandais’’, volet 3 : quatre indépendants (Knappogue Castle, Writer’s Tears, Teeling Small Batch, et Irish 13 ans A.D. Rattray)
Irish 13 ans A.D. Rattray ‘’ Uisge Beatha Taigh’’, 27.08.2001 / 11.12.2014 for Jurgen’s Whiskyhuis, Cask N° 9787, 60%, 115 bouteilles

Ha, un cas plus facile à comprendre ! A.D. Rattray est un embouteilleur indépendant écossais qui propose surtout des single casks de single malt écossais. Parfois, les embouteilleurs indépendants ont l’opportunité d’acheter un fût de whiskey irlandais, et ils ne s’en privent alors pas. Ce qui a été le cas ici, et ce single malt écossais (dont on ne connaît pas la distillerie d’origine) a été spécialement embouteillé pour Jurgen’s Whiskyhuis qui est l’importateur belge d’A.D. Rattray.

  • Nez : Assez fermé au début, il faut lui laisser le temps de s’ouvrir. La puissance des fruits se libère ensuite, envoyant un mélange de fruits jaunes et blancs bien juteux. Quelques fruits exotiques s’invitent aussi à la fête. Un petit côté frais se cache derrière cette puissance fruitée, et reste sagement à l’arrière-plan.
  • Bouche : L’alcool n’est pas agressif, malgré ses 60%. Attention, c’est quand même bien puissant et chaud en bouche, hein ! Une corbeille de fruits frais et juteux, sucrés, moelleux, liquoreux. Pas spécialement complexe, tout est basé sur le plaisir brut.
  • Finale : Courte, toujours sur les fruits frais qui s’évanouissent.
  • Verdict : Un Irlandais ultra fruité, et assez différent des autres goûtés jusqu’ici dans ce dossier, de par l’absence presque totale d’herbacé et de floral. Ici c’est du fruit, du fruit, et du fruit. Avec un peu de fruit en plus. Sorti du fruit, il est très équilibré et agréable malgré son haut titrant en alcool.
  • 87/100.

Disponible uniquement chez Jurgen’s Whiskyhuis pour 81 euros.

Dans le prochain (et dernier) volet je vous parlerai d’autres embouteillages indépendants, cette fois-ci d’un seul et même embouteilleur.

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