Quand deux whiskies d'une même distillerie, très proches en âge, date de distillation et/ou d'embouteillage me tombent sous la main, ils entrent pile poil dans les critères pour faire un face à face entre eux.
C'est le cas pour ces deux Laphroaig-ci, tous deux distillés en 2001 et embouteillés (par Hunter Laing sous sa gamme The First Editions) en 2016, tous deux maturés en refill Sherry et proposés en brut de fût, et tous deux ayant été disponibles en même temps sur le marché belge.
Au premier coup d’œil, c'est au niveau couleur qu'une différence se marque: l'un est beaucoup plus sombre (preuve d'un fût plus actif, ou d'une différence de type de Sherry) que l'autre.
Point de vue titrant en alcool, la différence n'est pas énorme, à peine un peu plus de 1% d'alcool les sépare.
C'est évidemment au niveau senteurs et saveurs que la différence va vraiment se faire.
Je les ai bien sûr goûtés en même temps, en vrai face à face (ça me semble évident, mais il vaut quand même mieux le préciser).
Allez, 3... 2.... 1... GO !
Laphroaig 2001 / 2016 The First Editions, 15 ans, Refill Butt HL12382, 58.4%, 306 bouteilles
- Couleur : Auburn.
- Nez : De la cendre froide à foison. Un soupçon de caramel, de la noix, du chocolat noir de noir. La cendre se calme après un moment, pour laisser une fraîcheur de plante médicinale venir lui tenir compagnie.
- Bouche : Une grosse vague de bois sec et de cendre froide, mélangée à des poignées d’épices piquantes, à du zeste d’agrume, à du moka, et à du fruit noir. Belle puissance globale. Le caramel sucré arrondit la bouche en cours de dram.
- Finale : Longue. De la noix, de la prune noire, des restes de cendres chaudes, et du caramel épicé.
Laphroaig 2001 / 2016 The First Editions, 15 ans, Refill Butt HL12787, 59.8%, 244 bouteilles
- Couleur : Vieil or.
- Nez : De la fumée sèche, du raisin sec, du bois poussiéreux. Après aération, de l’herbe sèche se développe.
- Bouche : Une amertume fruitée, de pelure d’abricot sec, appuyée. La tourbe est un mélange de profil fermier et de profil minéral, enveloppé de fumée. Après un moment en bouche, le minéral devient plus dominant et un vanillé apparaît.
- Finale : Moyenne. De la poussière boisée sèche s’abat sur toute la bouche. Un restant de vanille et de fumée tourbée. De la pelure amère de pomme.
Verdict en face à face:
- Le nez du 58.4% est beaucoup plus engageant et charmeur, mélangeant la minéralité cendrée à l’apport gourmand du Sherry.
- Le nez du 59.8% est plus sec, plus carré, mais manque aussi de présence.
- La bouche du 58.4% est puissante, cendrée, explosive ; tout en étant aussi ronde et gourmande. Superbe.
- La bouche du 59.8% est très sèche au départ, et trop amère à mon goût sur la durée.
- La finale du 58.4% termine de belle façon ce beau moment whisky, dans la continuité du nez et de la bouche.
- La finale du 59.8% est ici aussi très sèche et assez amère.
- Verdict du face à face : Bon ben… il n’y a pas photo, hein ! Le 58.4% est clairement deux (voire même trois) crans au-dessus du 59.8%. Victoire par KO au premier round.
- Ma cote du 58.4% : 91/100.
- Ma cote du 59.8% : 83/100.
Tous deux disponibles au Chemin des Vignes à Bruxelles, le prix de la version 58.4% est à 165€ et la version 59.8% à 190€. Intrinsèquement tous les deux sont chers pour des whiskies de 15 ans d'âge (même si en fût de Sherry, ce qui en théorie gonfle un peu le prix); Laphroaig devient de plus en plus intouchable en terme de prix me semble-t-il. Néanmoins, je suis étonné de voir non seulement une différence de prix, puisque tous deux du même âge, embouteillés en même temps, et issus du même type de fût; mais surtout très étonné de voir que le meilleur des deux est aussi le moins cher. Moi pas tout comprendre là...
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