mercredi 24 mai 2017

Littlemill 1977 Cadenhead's Cask Ends, 39 ans, Bourbon Hogshead, 42.5%

Pour le Littlemill mensuel, je n'avais d'autre choix que de vous parler d'un de chez Cadenhead.
Franchement, vous pensiez vraiment que j'allais omettre de vous proposer une note de dégustation de Littlemill ce mois-ci ?? Que nenni non non !

Et pas n'importe quel Littlemill, juste le plus vieux que j'aie jamais eu l'occasion de goûter. 39 ans. Bim. Distillé en 1977. Bam.
Mais en plus, ce Littlemill n'a jamais été disponible via les circuits de distribution habituels (distributeurs, boutiques), mais uniquement à la distillerie Springbank lors de "warehouse tastings" (des dégustations dans les entrepôts) organisés par Cadenhead. Les participants peuvent emplir eux-mêmes leur bouteille. Pour la petite histoire, ce Littlemill 1977 a été disponible en 2016 lors du Campbeltown Malt Festival.


Littlemill 1977 Cadenhead's Cask Ends, 39 ans, Bourbon Hogshead, 42.5%


(Photo Whiskybase)

  • Nez: Du malt sec, de la poussière de fruit, de la liqueur de mirabelle. Pas hyper fruité (contrairement à ce que j'attendais), mais très vite un équilibre entre le vieux fruit et la céréale maltée s'installe. Après une très longue aération, un léger végétal très sec s'installe.
  • Bouche: Le fruit se fait plus présent ici qu'au nez. Du citron acidulé, de la poire, de la mirabelle. Le malt se décline en pop-corn vanillé. Une pointe d'épices douces et picotantes, et de l'amertume fruitée qui apparaît sur la durée.
  • Finale: Le malt redevient plus sec, poussiéreux, et même boisé. Des retours olfactifs sur de l'alcool blanc, et un très ténu mentholé en toute fin de bouche.
  • Verdict: Pour être honnête, je m'attendais à autre chose. C'est le plus vieux Littlemill qu'il m'ait été donné de goûter, et j'attendais un OVNI super fruité, juteux, et ultra gourmand; avec des senteurs florales enivrantes. Et ce n'est pas le cas ! Certes le nez est séduisant (quoique un peu sage), certes l'ensemble n'est pas mauvais, mais le malt trop présent et le végétal réduit au minimum me font penser à un jeune whisky assez lambda, alors que j'ai affaire à un (très) vieux whisky de ma distillerie préférée. L'ensemble est néanmoins plaisant à déguster, mais je reste sur ma faim.
  • 86/100 (avec le nez qui réhausse la cote).



Était uniquement disponible (au prix de 260€, ce qui était un excellent prix pour un Littlemill de cet âge-là) l'an passé à Campbeltown, en prenant part aux Warehouse Tastings de Cadenhead à la distillerie Springbank à Campbeltown. D'après mes informations (qui datent d'il y a quelques mois), le fût a été retiré des dégustations sur place avant qu'il ne soit vide, et le reste de ce fût sera probablement embouteillé ultérieurement.

dimanche 21 mai 2017

Springbank 12 ans Cask Strength, batch 14 (2017), 54.2% (OB)

Le Springbank 12 ans Cask Strength est un classique incontournable dans la gamme officielle de la distillerie. Une qualité qui n'est plus à prouver (et ce de batch en batch), une différence de contenu assumé de batch en batch aussi (parfois plus de fûts de Bourbon, parfois plus de fûts de Sherry), en brut de fût, et à un prix tout à fait honnête (malgré le fait que Springbank soit souvent cher).
Bref, avoir une bouteille de Springbank 12CS dans son bar est quasi obligatoire quand on est un amateur de bon whisky (je n'ai jamais croisé d'amateur de mauvais whisky, ceci dit ;-) ).

Pour vous en convaincre, je vous renvoie au face à face que j'avais publié début2015.

Ce batch-ci est composé de 70% de fûts de Sherry et 30% de fûts de Bourbon. C'est déjà le 14ème du nom, a été embouteillé en ce début 2017, et bénéficie de la nouvelle étiquette due au lifting visuel de la gamme officielle de Springbank.

Alors, est-il dans la lignée de ses prédécesseurs, ou pas ?



Springbank 12 ans Cask Strength, batch 14 (2017), 54.2% (OB)


 

  • Nez: De la fumée gourmande et sherrysée, du raisin et abricot secs, des épices exotiques. Après aération, les notes minérales calcaires se font plus présentes.
  • Bouche: L'apport du Sherry se met d'abord en avant, avec du miel et du raisin sec. Viennent alors la craie et le calcaire, accompagnés d'épices piquantes.
  • Finale: Une vaguelette de fumée d'herbe sèche et une légère amertume abricotée. Une fine fraîcheur végétale en toute fin de bouche, et les épices exotiques qui irradient.
  • Verdict: Il me semble que le Sherry est plus présent dans cette version-ci que dans celles que j'avais goûtées en 2015, d'après mes souvenirs. C'est ici plus sucré, plus gourmand, et légèrement moins rustique. La patte Springbank est néanmoins clairement présente (et c'est tant mieux !). Globalement très plaisant, comme souvent chez Springbank.
  • 88/100.





Disponible (pour une septantaine d'euros) assez facilement auprès de la plupart des cavistes revendant du Springbank officiel.

jeudi 18 mai 2017

Glen Scotia 19 ans Kintra, 1992/2011, 51.8%

Parfois, pour coller à un thème sur le Blog, je ressors des vieilles notes de dégustation qui n'ont jamais été publiées ici.
C'est le cas pour ce Glen Scotia, puisque nous sommes toujours dans le thème "Campbeltown".

Ce Glen Scotia a été embouteillé fin 2011 par Kintra, l'embouteilleur néerlandais. Il a passé 19 ans dans un fût de Sherry, et ça se voit à sa couleur.

Par contre seulement 119 bouteilles ont été produites par Kintra, alors que la capacité du fût (un Butt) fait présumer qu'il y avait beaucoup plus que 85 litres litre dedans. Un split cask ? Ou le reste du fût serait-il encore en train de dormir dans le fond d'un entrepôt ? Mystère.


Glen Scotia 19 ans Kintra, 03.1992 / 11.2011, Sherry Butt n°5, 51.8%, 119 bouteilles


 

  • Nez: Quel nez ! Énorme ! Une puissante senteur de sherry monster qui embaume la pièce entière dès ouverture de la bouteille / versement du breuvage dans le verre. Un nez énormément attirant qui met en appétit. Du bois, des fruits secs, du vin cuit, une pointe de chocolat noir.
  • Bouche: D'entrée très marquée sur le sherry, sirupeuse. Un peu de fumée, des fruits secs et cuits. Et beaucoup de vieux bois sec et brûlé. Bouche très capiteuse qui tapisse puissamment la bouche.
  • Finale: Interminable d'abord sur les fruits secs, puis sur le bois sec. Celui-ci s'installe pour ne plus partir, et assèche la bouche (peut-être un peu trop).
  • Verdict: Un profil rugueux, rustique, rude; difficile à aborder. Il faut revenir dessus à plusieurs reprises pour appréhender ce bestiau sauvage; mais ce whisky est un réel plaisir gustatif une fois dompté.
  • 91/100 (94/100 pour le nez qui est carrément énorme; 89/100 pour la bouche et la finale qui sont un poil cheval sauvage).



Sold out depuis longtemps, son prix originel se situait aux environs des 90 euros si ma mémoire ne me fait pas défaut.

lundi 15 mai 2017

Spirit of Freedom 30 ans, 46%, 2014 bouteilles

Il n'y a pas que du single malt qui est produit à Campbeltown, on y produit aussi du blend; même si en bien moindre quantités.

C'est le cas pour le Spirit of Freedom qui est produit par la distillerie Springbank. Il est possible de trouver des versions plus jeunes et plus récentes que celle dont je vous parle aujourd'hui; mais celle-ci est assez particulière.
Son âge tout d'abord. Il est assez rare qu'un blend affiche 30 ans sur on étiquette. Rappelons que pour les blends, c'est l'âge du plus jeune whisky de l'assemblage qui peut apparaître sur l'étiquette.
Son prix d'origine, ensuite: moins de 100 euros à sa sortie, fin 2014. Pour du 30 ans d'âge, autant dire que c'était 3 francs 6 sous.

Mais ce blend, que raconte-t-il, au juste ?

Ce Spirit of Freedom 30 ans a été assemblé par Frank McHardy (une légende dans le monde du whisky, qui a commencé sa carrière en 1963 et a travaillé chez Springbank depuis 1977), qui l'a créé comme baroud d'honneur en tant que Directeur de la Production avant de prendre sa retraite fin 2014. Mais Frank continue néanmoins à officier encore aujourd'hui comme professeur lors des Whisky Schools à la distillerie Springbank, et comme consultant en diverses matières liées au whisky.

Cette création commémore les 700 ans de la bataille de Bannockburn qui s'est produite en 1314 et qui avait vu l'armée de Robert The Bruce vaincre les forces anglaises pourtant en supériorité numérique.

Ce Spirit of Freedom 30 ans est un assemblage de 75% de whisky de malt (issu de 5 distilleries différentes) et de 25% de whisky de grain; avec un mélange de fûts de Bourbon et de fûts de Sherry.



Spirit of Freedom 30 ans, 46%, 2014 bouteilles



  • Nez: Du miel, une fine fumée d'herbe sèche et poussiéreuse, de la vanille, et du fruit jaune caramélisé. Un chouette nez, séduisant et gourmand; tout en ayant aussi un côté rustique, campagnard. L'apport de fûts de Sherry est perceptible.
  • Bouche: De l'abricot sec, de l'orange vanillée, des épices douces par poignées, et cette fumée sèche qui reste en toile de fond. La réduction se ressent à ce niveau-ci, cependant.
  • Finale: Une amertume boisée surgit. L'abricot et la fumée continuent d'assurer leur permanence. Une pointe épicée reste sur le bout de la langue.
  • Verdict: Ce blend est vachement bien foutu, et affiche clairement son affiliation avec Springbank. Equilibré et cohérent. Seules la réduction en bouche et l'amertume en finale auraient pu être plus discrètes pour que ce soit parfait. Mais si je croisais une bouteille aujourd'hui, je me laisserais tenter sans me forcer.
  • 89/100.




Sold out de nos jours bien évidemment (du moins dans les circuits officiels en Belgique), son prix de sortie en 2014 se situait entre 85 et 100€. Un excellent rapport qualité / prix, à l'époque.

vendredi 12 mai 2017

Caol Ila 33 ans Cadenhead's Single Cask, 1983/2017, 50.2%

Ha, du Cadenhead ! Logique, nous sommes toujours dans le thème "Campbeltown".
Ha, du Caol Ila ! Bah oui, on ne me refera plus, je reste fan de cette distillerie. J'en parle aussi souvent (voire plus) que de Littlemill ;-)

Ce coup-ci je me penche sur le dernier vieux Caol Ila sorti par Cadenhead, dans sa gamme internationale Single Cask. Distillé en 1983, il affiche un vénérable 33 ans d'âge. Ça fait saliver :-).

Sans plus attendre, mon ressenti personnel.



Caol Ila 33 ans Cadenhead's Single Cask, 1983 / 2017, Bourbon Hogshead, 50.2%, 198 bouteilles


 


  • Nez: Très aromatique dès le départ. Du fenouil, de l'oseille, un peu d'anis étoilé. Viennent alors la pelure de citron et du coquillage marin. Les herbes aromatiques se calment après un moment, c'est alors le fruit et la brise marine qui se mélangent.
  • Bouche: C'est ici que ce Caol Ila se révèle pleinement: du citron acidulé, de la salinité fondue, des épices douces qui dansent sur la langue. Le fruité arrive par vagues; et la texture est onctueuse en bouche. Du raisin blanc compoté, du citron jaune, et de la pomme verte.
  • Finale: La salinité reste un moment, tandis que les épices se font plus piquantes. La compote de fruit acidulé reste un long moment en bouche.
  • Verdict: C'est un très bon whisky de bout en bout, fin tout en ayant un caractère bien trempé. Mais je trouve aussi qu'il lui manque certaines caractéristiques que j'affectionne chez les vieux Caol Ila, comme la minéralité affirmée ou le cendré perceptible par exemple. En aveugle, j'aurais plutôt misé sur un Old Pulteney que sur un Caol Ila. Comme quoi les embouteillages indépendants nous proposent souvent un angle d'approche différent.
  • 89/100.







Son prix en Allemagne était de 265€, mais apparemment sold out dès les précommandes avant même que les boutiques Cadenhead ne soient approvisionnées.
Peut-être pourrez-vous en dénicher une qui traînerait à une ambassade Cadenhead en Belgique, mais je sais que celles-ci n'en ont eu qu'en quantités ultra limitées.


Merci à la boutique Cadenhead de Cologne pour le sample.

mardi 9 mai 2017

Face à Face : deux Springbank 1996 / 2016 (19 ans) Archives

Springbank, c'est bien évidemment de très bons embouteillages officiels; la réputation de la distillerie n'est en rien galvaudée. Et les produits qui sortent ces derniers temps continuent d'être globalement d'un très bon niveau, contrairement à certaines autres distilleries qui vivent sur leur réputation passée (non non, je ne citerai pas de noms ;-) ).

Mais il existe aussi des embouteillages indépendants de Springbank, même si il est vrai qu'ils sont souvent occultés par leur prix fort peu attractif par rapport aux embouteillages officiels d'âge équivalent (un criant exemple étant le dernier Springbank 18ans The Cooper's Choice en date) ; embouteillages officiels déjà onéreux eux-mêmes (succès et qualité obligent).

(Photo Facebook / Michael)

Il y a un an presque tout pile, Archives (l'embouteilleur hollandais, dont le patron est aussi le patron de la boutique Whiskybase de Rotterdam et le fondateur du site participatif du même nom) sortait deux embouteillages Springbank issus de sister casks, tous deux des fûts de Bourbon, tous deux distillés et embouteillés les mêmes jours, et tous deux en brut de fût. Deux frères jumeaux sur papier, en somme. Et deux candidats idéaux pour un face à face :-)

Comme d'habitude dans mes face à face, ces deux whiskies ont été goûtés au même moment.


Springbank 25.10.1996 / 03.03.2016 Archives, 19 ans, Refill Bourbon Hogshead 551, 54.9%, 239 bouteilles


(Photo Whiskybase)


  • Nez: Très, très, trèèèèès austère. Un mini fruité blanc d'abord, puis une chape d'austérité qui s'abat sur ce nez. Du calcaire, du minéral, du pétrifié. Revient ensuite un peu de fruité citronné séché.
  • Bouche: Du fruit acidulé, de la liqueur de citron, des épices piquantes. De la fumée minérale grandit à l'arrière. La puissance devient de plus en plus importante quand on garde une lichette en bouche.
  • Finale: Boom ! L'austérité désertique revient en force. Du bois pétrifié, de la pierre polie, et des vagues interminables de fumée sèche tourbillonnante.
  • Verdict: Mais waaaa quoi ! C'est du TRÈS grand Springbank. La quintessence de la rusticité que j'aime tant chez cette distillerie.
  • 92/100.










Springbank 25.10.1996 / 03.03.2016 Archives, 19 ans, Refill Bourbon Hogshead 550, 56.4%, 284 bouteilles


(Photo Whiskybase)

  

  • Nez: Très proche du nez du fût 551, aussi fort austère et minéral, mais aussi plus frais. Un brin de marmelade de citron et de fougère fraîche.
  • Bouche: Du citron et de la pomme en compote et en confiture; ça oscille entre le sucré gourmand et l'acidulé astringent. Du calcaire poisseux et de la chaux en poudre essaient de lutter face au fruit, mais ont du mal à s'imposer.
  • Finale: Du calcaire sec reste un moment, accompagné de pelure de citron racornie. Du pétrifié, sans assécher.
  • Verdict: Moins ultra austère que le fût 551, plus fruité dans son ensemble. Mais la rusticité est elle aussi au rendez-vous, c'est bien fort bon cette affaire aussi.
  • 90/100.








Sold out rapidement chez Whiskybase, le prix originel de ces deux Springbank était de 160€ (chacun hein, pas les deux ensemble ;-) ). Et j'avais trouvé ça cher, déjà à l'époque; et je n'en avais pas achetée (surtout en aveugle). Je me donnerais bien des baffes, avec du recul. Si j'avais pu les goûter à l'époque, sans nul doute que j'aurais sauté sur le fût 551 (même si 160€ reste généralement au-delà de mes limites personnelles pour un whisky de 19 ans d'âge).

dimanche 7 mai 2017

Compte rendu : Masterclass Springbank chez We Are Whisky, le 04/05/2017

Un mois consacré à Campbeltown sur le Blog ne pouvait pas se concevoir sans parler de la distillerie Springbank, bien entendu ! Cette masterclass organisée par We Are Whisky (la boutique d'Orp-Jauche qui n'est plus à présenter) tombait donc à pic, et je ne me suis pas fait prier pour y prendre part.



La bonne organisation des masterclasses chez We Are Whisky n'est plus à prouver, c'est une machine bien huilée qui roule (quasi) toute seule: un représentant de la distillerie pour animer la soirée, une panoplie de whiskies astucieusement sélectionnés pour présenter un panel significatif, et une assemblée attentive. Ce n'est pas la première fois que j'y assiste (vous vous souvenez des masterclasses Benriach et Gordon & MacPhail, n'est-ce pas ?), et à chaque fois l'accueil de Petra, Patrick, et Alain est excellent.



Ronan Currie



C'est Ronan Currie, en visite toute la semaine en Belgique, qui était l'invité pour animer la dégustation. Ronan a d'abord commencé à travailler chez Cadenhead avant de passer il y a quelques mois chez Springbank en tant que Sales and Marketing Executive (Cadenhead et Springbank faisant partie de même groupe, comme vous le savez sans aucun doute 😉 ).
Malheureusement, Ronan était légèrement souffrant; ce qui a impacté son entrain lors de sa présentation. Probablement la faute du temps pourri en Belgique depuis une bonne semaine, une bonne preuve étant une hécatombe parmi l'assemblée: pas moins de 5 clients avaient du déclarer forfait , majoritairement pour cause de maladie.
Résultat: un peu moins de monde (une grosse vingtaine) que d'habitude pour écouter Ronan, et une masterclass de 7 whiskies expédiée en une heure et demie.








Le line-up:


Passons au vif du sujet, les 7 whiskies que nous avons eu le plaisir de déguster. Aucun vieux whisky bien cher cette fois-ci, mais des bouteilles majoritairement d'entrée et de moyenne gamme de la distillerie. Ce qui tombait assez bien pour moi: j'avais de grosses lacunes en la matière concernant les gammes de base officielles de chez Springbank. C'était donc une bonne occasion de rectifier le tir.

Voici mon ressenti pour chaque whisky goûté. Comme lors des autres masterclasses auxquelles je participe, les notes succinctes suivantes ont été prises lors de l'événement, et sont donc moins précises que lors de mes dégustation au calme chez moi.


Hazelburn 10 ans, 46% (Batch 2016) (OB)
L'entrée de la gamme non tourbée de Springbank. Cette gamme a commencé à être produite en 1997, est issue d'une triple distillation et d'une maturation 100% en fûts de Bourbon. Ronan le considère comme un "whisky de petit déjeuner", de par sa légèreté.




  • Nez: Fort malté, miel, vanille, et un soupçon de très fine fumée.
  • Bouche: Amertume fruitée (pelure de pomme), miel, et vanille.
  • Finale: Le bois apparaît, plutôt sec.
  • Verdict: Un bon starter en masterclass, mais dispensable (selon mes critères personnels) dans l'absolu, car fort classique et mainstream.
  • 82/100.










Hazelburn 13 ans Oloroso Cask Matured, 10.2003 / 03.2017, 47.1%, 12000 bouteilles (OB)
Nouvelle référence dans la gamme Hazelburn, il s'agit d'un vatting d'entre 15 et 20 fûts (12000 bouteilles en tout), entièrement maturé en fûts de Sherry Oloroso. Les 47.1% affichés sont le résultat, d'après Ronan, d'un natural cask strength. Ça me semble quand même difficilement croyable que la part des anges ait été si importante en seulement 13 ans, sur autant de fûts en même temps, surtout en connaissant le climat de Campbeltown particulièrement peu propice à l'évaporation.

 


  •  Nez: Raisin sec, tabac. Assez léger. Légère fumée de noisette.
  • Bouche: Des épices boisées gonflent en bouche. Du fruit sec.
  • Finale: Les épices explosent, poivrées. Sécheresse boisée appuyée.
  • Verdict: (Trop) sage tout du long, j'attendais (et aurais préféré) plus de présence. Mais agréable comme daily dram, toutefois.
  • 85/100.










Kilkerran 12 ans, 46% (Batch 1) (OB)
Springbank, c'est aussi la distillerie Glengyle; elles font partie du même groupe (J&A Mitchell & Co), et ce sont les employés de Springbank qui s'occupent de 6 à 8 semaines par an de la production chez Glengyle. Oui, seulement moins de 2 mois de production par an, tout simplement parce qu'il n'y a pas assez de capacité pour stocker plus de production. Et le nom Glengyle ne peut pas être utilisé par la distillerie pour ses embouteillages, car ce nom en tant qu'embouteillage appartient à... Glen Scotia (qui n'est autre que le concurrent direct de Springbank à Campbeltown). Haaa, les joies du commerce, de la concurrence, et des paniers de crabes ;-).
Ce Kilkerran 12 ans est déjà connu sur le Blog, puisque j'en avais parlé en 2016 (il avait même fait partie de mon top 5 de l'année 2016). Rien de bien neuf, je vous renvoie à ma note de dégustation détaillée de l'époque. Et il m'a toujours paru aussi bon dans cet environnement de masterclass.



Springbank 13 ans "Green", 46%, 9000 bouteilles (OB)
Début 2015, je vous avais parlé du "Green" premier du nom, le 12 ans. Fin 2015 sortait le suivant, le 13 ans; toujours produit à partir d'orge bio. Mais ce 13 ans est issu d'une maturation en fûts de Sherry, alors que le 12 ans était issu d'une en fûts de Bourbon.

 



  • Nez: Très sage, voire même effacé. Il faut lui laisser le temps de s'aérer, de se développer. Du raisin sec, de l'abricot, du miel, et pas mal de jus d'orange par moments.
  • Bouche: Une légère tourbe fumée, du raisin sec, du caramel. La réduction est fort perceptible.
  • Finale: Un peu plus de présence, de peps. Une pincée d'épices.
  • Verdict: Trop sage par rapport à ce que j'attends de Springbank. De mémoire je préférais de loin le 12 ans.
  • 83/100.








Springbank 15 ans, 46% (Batch 08.11.2016) (OB)
Ce Springbank, qui fait partie depuis longtemps de la gamme de base de la distillerie, est un vatting 100% de fûts de Sherry.


  • Nez: Ha, enfin du "crasseux" dans cette masterclass, du terroir, du roulé sous les aisselles ! De la fumée végétale, des herbes aromatiques, des épices exotiques, du tabac.
  • Bouche: Le Sherry adoucit l'ensemble à ce niveau-ci, mais le terroir Springbank est toujours présent. De la peau d'orange, des épices poivrées, du caramel, et de la végétation sèche de sous-bois. Un bel équilibre.
  • Finale: Assez courte. C'est ici que la réduction montre ses limites. Du bois épicé, du caramel, et de l'orange.
  • Verdict: Bien équilibré, gourmand tout en révélant le caractère rustique de Springbank qui m'est cher.
  • 87/100.







Longrow, NAS, 46% (Batch 14.11.2016) (OB)
Longrow est la gamme (lancée en 1973) "hautement tourbée" de Springbank. Le malt est séché à la tourbe pendant maximum 48h. La tourbe utilisée est un mélange de tourbe sèche et de tourbe humide, toutes deux originaires de la région d'Inverness. Le Longrow est issu d'une double distillation, et moins de 100 fûts sont produits chaque année. Ce Longrow-ci, sans âge indiqué, est un mélange de whiskies ayant entre 7 et 9 ans. Le résultat est un whisky se situant entre 40 et 45 PPM.

 

  • Nez: Jeunesse ultra présente, fort malté, quasi new make. "Heavily Peated", vraiment ? La fumée est plutôt fine et aérienne, on est loin de la grosse tourbe qui claque. Et plein de vanille, jeunesse oblige.
  • Bouche: La tourbe est ici un peu plus présente, mais contrebalancée par la réduction. De la vanille, du malt, de la fumée, et quelques épices par après.
  • Finale: Toujours le jeune malt très présent, les épices, et une légère sécheresse fruitée.
  • Verdict: Il manque le rustique que la tourbe apporte dans beaucoup de whiskies tourbés, c'est "gentil" en plus d'être fort jeune. Pas convaincu par cette expression-ci.
  • 81/100.








Longrow 18 ans, 46% (Batch 25.04.2016) (OB)
Cette expression-ci, la plus vieille de la soirée, est un mélange de 60% de fûts de rhum et 40% de fûts de Sherry. Toujours issu d'une double distillation, et au taux de PPM se situant entre 40 et 45.

  


  • Nez: La tourbe est plutôt fine, plutôt fumée, pas écrasante. De la vanille, du fruit blanc confit.
  • Bouche: Amertume fruitée; pomme, poire, raisin. Texture onctueuse en bouche.
  • Finale: Des épices douces, de la fine tourbe fumée, et le fruité encore présent.
  • Verdict: Bien équilibré, le fût de rhum apporte un beau fruité. Un beau produit dans l'ensemble.
  • 86/100.












En espérant que ce compte rendu vous apporte quelques lumières sur les gammes officielles de chez Springbank; moi en tout cas j'y vois plus clair depuis cette masterclass.

vendredi 5 mai 2017

Glen Scotia 24 ans Murray McDavid, 1991/2015, 46%

Glen Scotia est une des trois distilleries de Campbeltown; et la seule n'appartenant pas à J&A Mitchell & Co. Elle appartient par contre au Loch Lomond Group, tout comme ce qui reste de la marque... Littlemill (ouéééé, tout est dans tout 😄 ).

Ce Glen Scotia-ci est proposé par l'embouteilleur Murray McDavid. Vous avez peut-être déjà entendu parler de cet embouteilleur, même si c'est la première fois que j'en parle sur le Blog.
Murray McDavid existe depuis pas mal de temps dans le monde du whisky, et appartenait jusqu'il y a peu à la distillerie Bruichladdich. Quand celle-ci a été revendue au groupe Remy Cointreau (en 2012), ce dernier n'a pas voulu racheter Murray McDavid. C'est alors Aceo Ltd (déjà actif dans le whisky en tant que grossiste en fûts et prestataire de services divers) qui se porte acquéreur de l'embouteilleur, ainsi que de son stock de fûts (qui était, à ce qu'on m'a dit, conséquent).

La distribution de Murray MacDavid est tombée en désuétude en Belgique suite à ces rachats, pour être récemment récupérée par Godaert - Van Beneden.

La politique d'embouteillage chez Murray McDavid va à contre-courant de ses concurrents: pas de vagues d'embouteillages successives et rapprochées, mais l'embouteillage d'une bonne quantité de bouteilles différentes à intervalles très espacés, et avec disponibilité sur le marché bien après que l'embouteillage n'ait eu lieu. C'est ainsi que le dernier embouteillage date de fin 2015 et reste encore celui en cours actuellement.
Le suivant devrait néanmoins avoir lieu prochainement, avec mise à disposition sur le marché dans un futur plus ou moins proche.

Le Glen Scotia qui nous intéresse aujourd'hui a donc été distillé en 1991, embouteillé en octobre 2015 après avoir passé la plus grande partie de sa vie en fût de Bourbon, puis être passé par un fût de Sherry (info glanée sur le site du caviste le revendant, mais non disponible sur la bouteille elle-même), avant finalement de terminer sa maturation dans un fût de vin de Vosne-Romanée (Bourgogne). Ouille, un finish en fût de vin... en règle générale les finishes en fût de vin et moi ça fait deux... Voyons voir dans ce cas-ci.


Glen Scotia 24 ans Murray McDavid, 1991 / 10.2015, Bourbon Barrel avec finish en fût de Vosne-Romanée n°4, 46%






  • Nez : Du raisin vineux, de la cerise au marasquin, des volutes d’éther et de soufre.
  • Bouche : Du raisin acidulé, des notes vineuses marquées. Du caramel, des épices douces, et du bois.
  • Finale : Le bois astringent se place à l’avant plan. Le raisin vineux est toujours présent.
  • Verdict : Le finish de vin apporte une empreinte rustique à ce Glen Scotia, qui devrait trouver son public.
  • 83/100.









Disponible au Chemin des Vignes (Bruxelles) pour ±200 euros. Gloups, ça pique 😖 !

mercredi 3 mai 2017

Bruichladdich 24 ans Cadenhead's Small Batch, 1992/2016, 53.3%

J'aime bien traiter de divers sujets sur plusieurs articles qui se suivent. Ça a déjà été le cas avec Littlemill (quelle surprise !!), Clynelish, ou encore d'autres thèmes.

En ce mois de mai (et ça risque fort de déborder sur juin), je vais me concentrer exclusivement sur Campbeltown. Tout un mois (voire plus) consacré à cette petite ville qui ne compte plus que trois distilleries (contre plus de 30 il y a un gros siècle). Mais qui compte aussi en son sein l'embouteilleur Cadenhead, dont les bureaux sont situés chez Springbank.

Je vais donc vous parler de Springbank, Glen Scotia, Glengyle, et Cadenhead pendant (au moins) tout un mois. Si vous n'aimez ni ces distilleries ni cet embouteilleur, prenez congé du Blog pendant quelques semaines ;-)

Pour commencer ce thème Campbeltown, j'amorce avec du Cadenhead, dans sa gamme internationale (disponible en Belgique) Small Batch. Un whisky distillé chez Bruichladdich, embouteillé fin 2016, et affichant 24 ans d'âge.

Quand je regarde dans le rétroviseur du Blog, je vois que j'avais déjà parlé en 2015 d'un Bruichladdich 1992, aussi embouteillé parCadenhead (mais en single cask sous sa gamme Authentic Collection), et que je l'avais trouvé fort à mon goût. Celui-ci sera-t-il de le même veine ?

Ce qui étonne au premier contact de ce Bruichladdich-ci, c'est sa couleur par rapport au type de fût: il est fort foncé, faisant plutôt penser à une influence de fût de Sherry; alors que l'étiquette indique un mélange de 3 fûts de Bourbon. Ils ont dû être vachement actifs, ces trois-là !!

Et en bouche, alors ? Hé bien...


Bruichladdich 24 ans Cadenhead's Small Batch, 1992 / 2016, 3x Bourbon Hogsheads, 53.3%, 588 bouteilles


  • Nez: Fruité, frais, végétal, et sec. De la liqueur de pomme, des notes qui me font penser à de l'alcool blanc (mezcal ?), du raisin blanc en confiture. La couche végétale sèche se traduit par du mentholé qui s’efface vite, mais aussi par de la résine de conifère.
  • Bouche: Grande douceur fruitée à ce niveau-ci, sur du sirop d'abricot et de la compote de raisin blanc. Quelques gouttes de citron. Texture onctueuse. Après un instant, les sensations se cristallisent sur de la pâte de rhubarbe acidulée.
  • Finale: Courte. Le fruité glisse vers la fraise tagada. Étonnant ! Viennent ensuite des pincées d'épices douces et salées. Le mentholé revient se montrer en toute fin de bouche.
  • Verdict: Un whisky très étonnant, qui navigue entre différents types de fruité et intègre aussi différents styles de végétal. Fort ludique et changeant, sa complexité ne fait aucun doute. Mais comme ça part dans tous les sens, les papilles peuvent aussi s'en voir déstabilisées.
  • 89/100.







Son prix originel était de 129€ dans les boutiques Cadenhead (les plus proches étant en Allemagne), mais je pense qu'il est sold out là-bas. Vous pourrez peut-être (renseignez-vous, car je n'ai pas l'info) encore le trouver aux ambassades Cadenhead de Belgique pour un prix un peu (voire beaucoup) supérieur.

Merci à la boutique Cadenhead de Cologne pour le sample.