Depuis le temps que j’avais envie d’aborder le sujet Littlemill plus en détails… Allez, je me fais plaisir ! C’est la fin de l’année, la période va être plus calme en événements whisky-esques, je ne vais pas avoir grand-chose à vous proposer de neuf sur le blog pendant quelques semaines ; alors autant vous parler de quelque chose qui me tient à cœur : la distillerie Littlemill.
Il y a quelques années, personne ne voulait de Littlemill. Les ‘’vieux’’ embouteillages, qu’ils soient officiels ou indépendants, étaient très peu recherchés car leur qualité était très inégale (et généralement tirant franchement vers le bas). Et puis, en 2012, quelques embouteillages de (très) bonne qualité sont sortis. Puis d’autres. Puis encore d’autres. En 2013 cette tendance s’est confirmée, et les amateurs ont commencé à s’intéresser à cette distillerie. En 2014 ce fut l’explosion. Plusieurs dizaines d’embouteillages (la plupart indépendants, bien entendu) de très bonne facture sont arrivés sur le marché, et les amateurs se les sont arrachés. Littlemill est devenu la distillerie fermée à la mode, tout amateur pouvant assez facilement s’en procurer à prix encore abordable (contrairement à Port Ellen ou Brora, devenus hors de portée). Ha, le prix ! Parlons-en. En 2012, on pouvait trouver les meilleurs embouteillages, de plus ou moins 20 ans d’âge, pour environ 80 ou 90€. En cette fin 2014, les Littlemill de 22 à 24 ans frôlent allègrement les 140€. Un bon 50% d’augmentation en deux ans, schbim ! Et cette augmentation rapide ne fait que commencer : les professionnels prédisent la plupart des Littlemill autour des 200€ en 2015. Gloups !
Mais pour en arriver à la mode actuelle, quel a été le parcours de Littlemill ?
Un peu d’histoire :
L’année officielle de la fondation de Littlemill est 1772, mais certaines sources indiquent qu’elle produisait déjà (illégalement) du whisky à partir de 1750 ; la faisant l’une des plus vieilles distilleries d’Ecosse (si pas du monde). Située à Bowling, dans la région de Glasgow, elle est assimilée à la région des Lowlands en raison de la triple distillation pratiquée, marque de fabrique des Lowlands, au contraire de la double distillation pratiquée ailleurs en Ecosse (Littlemill abandonna néanmoins la triple distillation dans les années ’30, pour passer à la double. Voir plus loin dans cet article).
Les registres étaiet ce qu’ils étaient il y a 200 ans, il est difficile de savoir précisément entre quelles mains est passée Littlemill. Néanmoins, la distillerie est fermée en 1813. Elle est revendue en 1818, puis de nouveau en 1821. En 1823, l’Excise Act entre en vigueur. Cette législation assouplit les lois en vigueur régissant la distillation, afin de combattre la distillation illicite. Jane MacGregor, alors propriétaire de la distillerie, obtient donc la licence pour Littlemill, devenant une des premières femmes à l’obtenir en Ecosse.
Littlemill passera plus de huit fois de mains en mains entre 1839 et 1875, année où la distillerie est reconstruite (suite à une destruction fortuite ou pour l’améliorer, ça je ne sais pas). Puis elle sera encore revendue et rachetée de nombreuses fois, jusqu’en 1931 où Duncan G. Thomas, le propriétaire américain, décide d’abandonner la triple distillation en faveur de la double et de fonder la société Littlemill Distillery Co. Ltd.
En 1959, la société américaine Barton Brands Inc devient actionnaire, et rachète les parts de Thomas en 1971.
Littlemill fermera ses portes en 1984, lors de la grande crise des années ’80 qui verra beaucoup de distilleries rester sur le carreau. Elle est rachetée en 1988 et réouverte en 1989. En 1994 elle ferme à nouveau et est revendue une nouvelle fois, à Glen Catrine Bonded Warehouse. Loch Lomond Distillery Co Ltd en obtient la gérance, mais Littlemill reste fermée. A jamais. Les derniers distillats datent donc, officiellement, de 1994.
Enfin, mais c’est presque anecdotique, les bâtiments de la distillerie Littlemill sont détruits dans un incendie en 2004.
Et aujourd’hui ?
Début 2014, Sandy Bulloch et sa famille vendent la distillerie Loch Lomond et toutes ses dépendances au groupe d’investissement Exponent, et le Loch Lomond Group est fondé pour faciliter cette acquisition. Ce groupe comprend dès lors la distillerie Loch Lomond, la distillerie Glen Scotia, la marque Littlemill (la distillerie physique n’existant plus), des marques de blended whisky (High Commissioner et Clansman), et des marques de vodka et de gin.
Si les distilleries Loch Lomond et Glen Scotia continuent leurs activités, qu’en est-il des stocks de fûts de Littlemill restants ? Les articles de presse n’en n’ont pas parlé du tout, c’est le grand mystère. Un embouteillage officiel de 21 ans d’âge est sorti en 2014, et une belle bouteille de 25 ans d’âge, limitée à 1000 exemplaires, est visible sur le site web du Loch Lomond Group (mais, à ma connaissance, cet embouteillage n’est pas encore sorti sur le marché). Les embouteillages officiels sont donc très limités, et rares.
Par contre, comme expliqué en début d’article, les embouteillages indépendants sont légion et semblent intarissables. Mais pour combien de temps encore ? Si l’on peut supposer que la plus grande partie des stocks de Littlemill ont été vendus aux brokers et embouteilleurs indépendants entre 1996 et 2013, il est aussi fort à parier que la source va bientôt se tarir, surtout vu le succès actuel de cette distillerie. Ce qui fera augmenter les prix d’autant plus. Littlemill serait-il le prochain Brora ? Ce n’est pas impossible.
Carte de l'emplacement de la distillerie Littlemill (cliquez sur la carte pour interagir avec celle-ci)
En ces temps festifs de fin d'année, autant se faire un maximum plaisir, pas vrai ? Je vais donc vous proposer au cours des prochains jours un nouveau quadriptyque, comme celui que je vous avais proposé sur Clynelish. Mais cette fois-ci il sera consacré à Littlemill (z'aviez compris, pas vrai ? ;-) ).
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