dimanche 7 mai 2017

Compte rendu : Masterclass Springbank chez We Are Whisky, le 04/05/2017

Un mois consacré à Campbeltown sur le Blog ne pouvait pas se concevoir sans parler de la distillerie Springbank, bien entendu ! Cette masterclass organisée par We Are Whisky (la boutique d'Orp-Jauche qui n'est plus à présenter) tombait donc à pic, et je ne me suis pas fait prier pour y prendre part.



La bonne organisation des masterclasses chez We Are Whisky n'est plus à prouver, c'est une machine bien huilée qui roule (quasi) toute seule: un représentant de la distillerie pour animer la soirée, une panoplie de whiskies astucieusement sélectionnés pour présenter un panel significatif, et une assemblée attentive. Ce n'est pas la première fois que j'y assiste (vous vous souvenez des masterclasses Benriach et Gordon & MacPhail, n'est-ce pas ?), et à chaque fois l'accueil de Petra, Patrick, et Alain est excellent.



Ronan Currie



C'est Ronan Currie, en visite toute la semaine en Belgique, qui était l'invité pour animer la dégustation. Ronan a d'abord commencé à travailler chez Cadenhead avant de passer il y a quelques mois chez Springbank en tant que Sales and Marketing Executive (Cadenhead et Springbank faisant partie de même groupe, comme vous le savez sans aucun doute 😉 ).
Malheureusement, Ronan était légèrement souffrant; ce qui a impacté son entrain lors de sa présentation. Probablement la faute du temps pourri en Belgique depuis une bonne semaine, une bonne preuve étant une hécatombe parmi l'assemblée: pas moins de 5 clients avaient du déclarer forfait , majoritairement pour cause de maladie.
Résultat: un peu moins de monde (une grosse vingtaine) que d'habitude pour écouter Ronan, et une masterclass de 7 whiskies expédiée en une heure et demie.








Le line-up:


Passons au vif du sujet, les 7 whiskies que nous avons eu le plaisir de déguster. Aucun vieux whisky bien cher cette fois-ci, mais des bouteilles majoritairement d'entrée et de moyenne gamme de la distillerie. Ce qui tombait assez bien pour moi: j'avais de grosses lacunes en la matière concernant les gammes de base officielles de chez Springbank. C'était donc une bonne occasion de rectifier le tir.

Voici mon ressenti pour chaque whisky goûté. Comme lors des autres masterclasses auxquelles je participe, les notes succinctes suivantes ont été prises lors de l'événement, et sont donc moins précises que lors de mes dégustation au calme chez moi.


Hazelburn 10 ans, 46% (Batch 2016) (OB)
L'entrée de la gamme non tourbée de Springbank. Cette gamme a commencé à être produite en 1997, est issue d'une triple distillation et d'une maturation 100% en fûts de Bourbon. Ronan le considère comme un "whisky de petit déjeuner", de par sa légèreté.




  • Nez: Fort malté, miel, vanille, et un soupçon de très fine fumée.
  • Bouche: Amertume fruitée (pelure de pomme), miel, et vanille.
  • Finale: Le bois apparaît, plutôt sec.
  • Verdict: Un bon starter en masterclass, mais dispensable (selon mes critères personnels) dans l'absolu, car fort classique et mainstream.
  • 82/100.










Hazelburn 13 ans Oloroso Cask Matured, 10.2003 / 03.2017, 47.1%, 12000 bouteilles (OB)
Nouvelle référence dans la gamme Hazelburn, il s'agit d'un vatting d'entre 15 et 20 fûts (12000 bouteilles en tout), entièrement maturé en fûts de Sherry Oloroso. Les 47.1% affichés sont le résultat, d'après Ronan, d'un natural cask strength. Ça me semble quand même difficilement croyable que la part des anges ait été si importante en seulement 13 ans, sur autant de fûts en même temps, surtout en connaissant le climat de Campbeltown particulièrement peu propice à l'évaporation.

 


  •  Nez: Raisin sec, tabac. Assez léger. Légère fumée de noisette.
  • Bouche: Des épices boisées gonflent en bouche. Du fruit sec.
  • Finale: Les épices explosent, poivrées. Sécheresse boisée appuyée.
  • Verdict: (Trop) sage tout du long, j'attendais (et aurais préféré) plus de présence. Mais agréable comme daily dram, toutefois.
  • 85/100.










Kilkerran 12 ans, 46% (Batch 1) (OB)
Springbank, c'est aussi la distillerie Glengyle; elles font partie du même groupe (J&A Mitchell & Co), et ce sont les employés de Springbank qui s'occupent de 6 à 8 semaines par an de la production chez Glengyle. Oui, seulement moins de 2 mois de production par an, tout simplement parce qu'il n'y a pas assez de capacité pour stocker plus de production. Et le nom Glengyle ne peut pas être utilisé par la distillerie pour ses embouteillages, car ce nom en tant qu'embouteillage appartient à... Glen Scotia (qui n'est autre que le concurrent direct de Springbank à Campbeltown). Haaa, les joies du commerce, de la concurrence, et des paniers de crabes ;-).
Ce Kilkerran 12 ans est déjà connu sur le Blog, puisque j'en avais parlé en 2016 (il avait même fait partie de mon top 5 de l'année 2016). Rien de bien neuf, je vous renvoie à ma note de dégustation détaillée de l'époque. Et il m'a toujours paru aussi bon dans cet environnement de masterclass.



Springbank 13 ans "Green", 46%, 9000 bouteilles (OB)
Début 2015, je vous avais parlé du "Green" premier du nom, le 12 ans. Fin 2015 sortait le suivant, le 13 ans; toujours produit à partir d'orge bio. Mais ce 13 ans est issu d'une maturation en fûts de Sherry, alors que le 12 ans était issu d'une en fûts de Bourbon.

 



  • Nez: Très sage, voire même effacé. Il faut lui laisser le temps de s'aérer, de se développer. Du raisin sec, de l'abricot, du miel, et pas mal de jus d'orange par moments.
  • Bouche: Une légère tourbe fumée, du raisin sec, du caramel. La réduction est fort perceptible.
  • Finale: Un peu plus de présence, de peps. Une pincée d'épices.
  • Verdict: Trop sage par rapport à ce que j'attends de Springbank. De mémoire je préférais de loin le 12 ans.
  • 83/100.








Springbank 15 ans, 46% (Batch 08.11.2016) (OB)
Ce Springbank, qui fait partie depuis longtemps de la gamme de base de la distillerie, est un vatting 100% de fûts de Sherry.


  • Nez: Ha, enfin du "crasseux" dans cette masterclass, du terroir, du roulé sous les aisselles ! De la fumée végétale, des herbes aromatiques, des épices exotiques, du tabac.
  • Bouche: Le Sherry adoucit l'ensemble à ce niveau-ci, mais le terroir Springbank est toujours présent. De la peau d'orange, des épices poivrées, du caramel, et de la végétation sèche de sous-bois. Un bel équilibre.
  • Finale: Assez courte. C'est ici que la réduction montre ses limites. Du bois épicé, du caramel, et de l'orange.
  • Verdict: Bien équilibré, gourmand tout en révélant le caractère rustique de Springbank qui m'est cher.
  • 87/100.







Longrow, NAS, 46% (Batch 14.11.2016) (OB)
Longrow est la gamme (lancée en 1973) "hautement tourbée" de Springbank. Le malt est séché à la tourbe pendant maximum 48h. La tourbe utilisée est un mélange de tourbe sèche et de tourbe humide, toutes deux originaires de la région d'Inverness. Le Longrow est issu d'une double distillation, et moins de 100 fûts sont produits chaque année. Ce Longrow-ci, sans âge indiqué, est un mélange de whiskies ayant entre 7 et 9 ans. Le résultat est un whisky se situant entre 40 et 45 PPM.

 

  • Nez: Jeunesse ultra présente, fort malté, quasi new make. "Heavily Peated", vraiment ? La fumée est plutôt fine et aérienne, on est loin de la grosse tourbe qui claque. Et plein de vanille, jeunesse oblige.
  • Bouche: La tourbe est ici un peu plus présente, mais contrebalancée par la réduction. De la vanille, du malt, de la fumée, et quelques épices par après.
  • Finale: Toujours le jeune malt très présent, les épices, et une légère sécheresse fruitée.
  • Verdict: Il manque le rustique que la tourbe apporte dans beaucoup de whiskies tourbés, c'est "gentil" en plus d'être fort jeune. Pas convaincu par cette expression-ci.
  • 81/100.








Longrow 18 ans, 46% (Batch 25.04.2016) (OB)
Cette expression-ci, la plus vieille de la soirée, est un mélange de 60% de fûts de rhum et 40% de fûts de Sherry. Toujours issu d'une double distillation, et au taux de PPM se situant entre 40 et 45.

  


  • Nez: La tourbe est plutôt fine, plutôt fumée, pas écrasante. De la vanille, du fruit blanc confit.
  • Bouche: Amertume fruitée; pomme, poire, raisin. Texture onctueuse en bouche.
  • Finale: Des épices douces, de la fine tourbe fumée, et le fruité encore présent.
  • Verdict: Bien équilibré, le fût de rhum apporte un beau fruité. Un beau produit dans l'ensemble.
  • 86/100.












En espérant que ce compte rendu vous apporte quelques lumières sur les gammes officielles de chez Springbank; moi en tout cas j'y vois plus clair depuis cette masterclass.

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