Aujourd’hui, j’envoie du lourd…
Comme Talisker est une de mes distilleries préférées, j’avais envie de faire une verticale de plusieurs de ses embouteillages officiels de haut vol. Je délaisse volontairement le 10 ans dont j’avais précédemment parlé car, même si il est très bon, il ne joue pas dans la même catégorie que ceux que j’ai sélectionnés pour cette verticale.
Cette verticale Talisker voit donc ‘’s’affronter’’ (si l’on peut appeler cela ainsi ; je ne considère pas cela comme une compétition étant donné que tous les participants sont très bons) le 18 ans (dont j’ai déjà aussi parlé), le 25 ans de 2004, le 25 ans de 2006 (chaque année sort un nouveau ‘’batch’’ de 25 ans d’âge), et enfin le 30 ans. Tous en embouteillage officiel.
A part le 18 ans qui est à la portée de toutes les bourses, les bouteilles participant à cette verticale sont assez onéreuses. J’ai la chance d’avoir une bouteille du 25 ans batch 2004, mais le reste est composé de ‘’samples’’ que j’ai pu glaner çà et là (merci aux généreux donateurs, d’ailleurs ;-) ).
La référence de base, ‘’l’étalon’’ pour cette verticale, sera le 18 ans que je note personnellement 93/100. J’avais expliqué les raisons d’un si haut score à mes yeux dans le billet qui lui était consacré début juillet. Cote assez subjective et très personnelle, je l’admets.
Même si je le connais bien, que cela ne m’empêche pas d’en reprendre un petit dram pour me mettre en bouche…
Talisker 18 ans, 45.8% : Haaaa, ce nez ! Il me fait à chaque fois vibrer. Fumée, poivre, iode, une pointe d’amande vanillée. La bouche est elle aussi me transporte autant que dans mes souvenirs. Eau de mer, poivre blanc, mousse, fruits confits. La finale me paraît encore plus complexe qu’avant. Poivre et fumée bien sûr, mais aussi un retour de bacon frit dans les narines. 93/100, mon score ne change pas, ma subjectivité non plus. Mais si je mets ma subjectivité de côté pour ne garder qu’une once d’objectivité ; je lui mettrais 91/100. Ce Talisker 18 ans reste d’un incroyable rapport qualité / prix.
Les jalons de l’étalon sont donc posés, les notes suivantes seront donc en comparaison avec ce 18 ans de référence.
Talisker 25 ans, batch 2006, 56.9% (je fais passer le batch 2006 avant le batch 2004 dans la dégustation car il titre plus bas en alcool). La patte Talisker (iode, fumée, poivre) est clairement présente. Le nez tire un peu plus sur les agrumes que le 18 ans, la fumée est plus douce et plus fondue. La bouche est plus franche en attaque, mais aussi beaucoup plus complexe par le ressac de fumée iodée qui revient donner une grosse claque une fois la vague de fruits acidulés passée. La finale est elle aussi sur les agrumes, plus poivrés qu’en bouche. Une légère amertume boisée s’installe au fond de la gorge sur la fin (dommage, ça fait perdre un point en ce qui me concerne), mais une douceur complexe aussi (et ça, ça le fait grave !). Aussi complexe dans son ensemble que le 18 ans, mais aussi plus fin et plus subtil malgré le pourcentage d’alcool plus élevé. 91/100.
Talisker 25 ans, batch 2004, 57.8%. Logiquement très proche du batch 2006. Au nez les agrumes sont moins présents, laissant plus la place à la fumée iodée. Je sens aussi de la sève d’arbre. La bouche est, de façon surprenante, plus douce que celle du batch 2006 malgré le taux d’alcool plus élevé ; hyper fine, super complexe, ultra subtile. Des épices, de la fumée, du cuir, de la mousse, de l’eau de mer, des fruits verts et jaunes cuits ; un mélange de plein de trucs qui viennent et qui repartent par vague. La finale n’est pas en reste au niveau complexité ; tabac, poivre blanc, mousse sèche, iode, etc… sans l’amertume du batch 2006. Rhaaaaa que c’est bon ! 93/100. Supérieur au 18 ans en sensations, mais son prix (élevé) le ramène au même niveau global.
Talisker 30 ans, batch 2006, 51.9%. Le profil Talisker est toujours très perceptible, mais des différences flagrantes sont aussi présentes par rapport aux 25 ans et 18 ans. Le nez est beaucoup plus sur les fruits jaunes, la fumée et l’iode se faisant plus discrets. La bouche est très douce, vanillée, légèrement sucrée, sur les fruits confits. Le poivre se dévoile par une légère pincée tout au plus. La finale revient plus vers le profil Talisker standard avec une vague de poivre et de fumée. La légère amertume du 25 ans batch 2006 est elle aussi présente. Un très bon whisky, très fin mais en retrait, pour moi, par rapport aux trois dégustations précédentes. La fougue "Talisker" n'est pas assez présente dans ce malt-ci. 89/100.
En conclusion, je ne peux vous donner qu’un seul conseil : si vous avez l’occasion de goûter du Talisker, ne vous gênez pas et faites-le (en espérant que vous soyez aussi conquis que je le suis par cette distillerie) ! Attention néanmoins, les produits ‘’NAS’’ (sans âge) sont franchement, je trouve, un cran en dessous des embouteillages avec âge spécifié.