Un
mois consacré à Campbeltown sur le Blog ne pouvait pas se concevoir
sans parler de la distillerie Springbank, bien entendu ! Cette
masterclass organisée par We Are Whisky (la boutique d'Orp-Jauche qui n'est plus à présenter) tombait
donc à pic, et je ne me suis pas fait
prier pour y prendre part.
La
bonne organisation des masterclasses chez We Are Whisky n'est plus à
prouver, c'est une machine bien huilée qui roule (quasi) toute
seule: un représentant de la distillerie pour animer la soirée, une
panoplie de whiskies astucieusement sélectionnés pour présenter un
panel significatif,
et une assemblée attentive. Ce n'est pas
la première fois que j'y assiste (vous vous souvenez des
masterclasses Benriach
et Gordon & MacPhail, n'est-ce pas ?), et à chaque fois l'accueil de
Petra, Patrick, et Alain est excellent.
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Ronan Currie |
C'est Ronan Currie, en
visite toute la semaine en Belgique, qui était l'invité pour animer
la dégustation. Ronan a d'abord commencé à travailler chez
Cadenhead avant de passer il y a quelques mois chez Springbank en
tant que Sales and Marketing Executive (Cadenhead et Springbank
faisant partie de même groupe, comme vous le savez sans aucun doute 😉 ).
Malheureusement, Ronan
était légèrement souffrant; ce qui a impacté son entrain lors de
sa présentation. Probablement la faute du temps pourri en Belgique
depuis une bonne semaine, une bonne preuve étant une hécatombe
parmi l'assemblée: pas moins de 5 clients avaient du déclarer
forfait , majoritairement pour cause de maladie.
Résultat: un peu moins
de monde (une grosse vingtaine) que d'habitude pour écouter Ronan,
et une masterclass de 7 whiskies expédiée en une heure et demie.
Le
line-up:
Passons au vif du
sujet, les 7 whiskies que nous avons eu le plaisir de déguster.
Aucun vieux whisky bien cher cette fois-ci, mais des bouteilles
majoritairement d'entrée et de moyenne gamme de la distillerie. Ce
qui tombait assez bien pour moi: j'avais de grosses lacunes en la
matière concernant les gammes de base officielles de chez
Springbank. C'était donc une bonne occasion de rectifier le tir.
Voici mon ressenti pour
chaque whisky goûté. Comme lors des autres masterclasses auxquelles
je participe, les notes succinctes suivantes ont été prises lors de
l'événement, et sont donc moins précises que lors de mes
dégustation au calme chez moi.
Hazelburn
10 ans, 46% (Batch 2016) (OB)
L'entrée de la gamme
non tourbée de Springbank. Cette gamme a commencé à être produite
en 1997, est issue d'une triple distillation et d'une maturation 100%
en fûts de Bourbon. Ronan le considère comme un "whisky de
petit déjeuner", de par sa légèreté.
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Nez: Fort
malté, miel, vanille, et un soupçon de très fine fumée.
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Bouche:
Amertume fruitée (pelure de pomme), miel, et vanille.
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Finale: Le
bois apparaît, plutôt sec.
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Verdict:
Un bon starter en masterclass, mais dispensable (selon mes critères
personnels) dans l'absolu, car fort classique et mainstream.
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82/100.
Hazelburn
13 ans Oloroso Cask Matured, 10.2003 / 03.2017, 47.1%, 12000
bouteilles (OB)
Nouvelle référence
dans la gamme Hazelburn, il s'agit d'un vatting d'entre 15 et 20 fûts
(12000 bouteilles en tout), entièrement maturé en fûts de Sherry
Oloroso. Les 47.1% affichés sont le résultat, d'après Ronan, d'un
natural cask strength. Ça me semble quand même difficilement
croyable que la part des anges ait été si importante en seulement
13 ans, sur autant de fûts en même temps, surtout en connaissant le
climat de Campbeltown particulièrement peu propice à l'évaporation.
Nez:
Raisin sec, tabac. Assez léger. Légère fumée de noisette.
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Bouche:
Des épices boisées gonflent en bouche. Du fruit sec.
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Finale:
Les épices explosent, poivrées. Sécheresse boisée appuyée.
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Verdict:
(Trop) sage tout du long, j'attendais (et aurais préféré) plus de
présence. Mais agréable comme daily dram, toutefois.
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85/100.
Kilkerran
12 ans, 46% (Batch 1) (OB)
Springbank, c'est aussi
la distillerie Glengyle; elles font partie du même groupe (J&A
Mitchell & Co), et ce sont les employés de Springbank qui
s'occupent de 6 à 8 semaines par an de la production chez Glengyle.
Oui, seulement moins de 2 mois de production par an, tout simplement
parce qu'il n'y a pas assez de capacité pour stocker plus de
production. Et le nom Glengyle ne peut pas être utilisé par la
distillerie pour ses embouteillages, car ce nom en tant
qu'embouteillage appartient à... Glen Scotia (qui n'est autre que le
concurrent direct de Springbank à Campbeltown). Haaa, les joies du
commerce, de la concurrence, et des paniers de crabes ;-).
Springbank
13 ans "Green", 46%, 9000 bouteilles (OB)
Début
2015, je vous avais parlé du "Green" premier du nom, le 12 ans. Fin 2015
sortait le suivant, le 13 ans; toujours produit à partir d'orge bio.
Mais ce 13 ans est issu d'une maturation en fûts de Sherry, alors
que le 12 ans était issu d'une en fûts de Bourbon.
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Nez: Très
sage, voire même effacé. Il faut lui laisser le temps de s'aérer,
de se développer. Du raisin sec, de l'abricot, du miel, et pas mal
de jus d'orange par moments.
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Bouche:
Une légère tourbe fumée, du raisin sec, du caramel. La réduction
est fort perceptible.
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Finale: Un
peu plus de présence, de peps. Une pincée d'épices.
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Verdict: Trop
sage par rapport à ce que j'attends de Springbank. De mémoire je
préférais de loin le 12 ans.
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83/100.
Springbank
15 ans, 46% (Batch 08.11.2016) (OB)
Ce Springbank, qui fait
partie depuis longtemps de la gamme de base de la distillerie, est un
vatting 100% de fûts de Sherry.
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Nez: Ha,
enfin du "crasseux" dans cette masterclass, du terroir, du
roulé sous les aisselles ! De la fumée végétale, des herbes
aromatiques, des épices exotiques, du tabac.
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Bouche:
Le Sherry adoucit l'ensemble à ce niveau-ci, mais le terroir
Springbank est toujours présent. De la peau d'orange, des épices
poivrées, du caramel, et de la végétation sèche de sous-bois. Un
bel équilibre.
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Finale:
Assez courte. C'est ici que la réduction montre ses limites. Du
bois épicé, du caramel, et de l'orange.
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Verdict:
Bien équilibré, gourmand tout en révélant le caractère rustique
de Springbank qui m'est cher.
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87/100.
Longrow,
NAS, 46% (Batch 14.11.2016) (OB)
Longrow est la gamme
(lancée en 1973) "hautement tourbée" de Springbank. Le
malt est séché à la tourbe pendant maximum 48h. La tourbe utilisée
est un mélange de tourbe sèche et de tourbe humide, toutes deux
originaires de la région d'Inverness. Le Longrow est issu d'une
double distillation, et moins de 100 fûts sont produits chaque
année. Ce Longrow-ci, sans âge indiqué, est un mélange de
whiskies ayant entre 7 et 9 ans. Le résultat est un whisky se
situant entre 40 et 45 PPM.
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Nez:
Jeunesse ultra présente, fort malté, quasi new make. "Heavily
Peated", vraiment ? La fumée est plutôt fine et aérienne,
on est loin de la grosse tourbe qui claque. Et plein de vanille,
jeunesse oblige.
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Bouche:
La tourbe est ici un peu plus présente, mais contrebalancée par la
réduction. De la vanille, du malt, de la fumée, et quelques épices
par après.
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Finale:
Toujours le jeune malt très présent, les épices, et une légère
sécheresse fruitée.
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Verdict:
Il manque le rustique que la tourbe apporte dans beaucoup de
whiskies tourbés, c'est "gentil" en plus d'être fort
jeune. Pas convaincu par cette expression-ci.
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81/100.
Longrow
18 ans, 46% (Batch 25.04.2016) (OB)
Cette expression-ci, la
plus vieille de la soirée, est un mélange de 60% de fûts de rhum
et 40% de fûts de Sherry. Toujours issu d'une double distillation,
et au taux de PPM se situant entre 40 et 45.
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Nez: La
tourbe est plutôt fine, plutôt fumée, pas écrasante. De la
vanille, du fruit blanc confit.
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Bouche:
Amertume fruitée; pomme, poire, raisin. Texture onctueuse en
bouche.
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Finale:
Des épices douces, de la fine tourbe fumée, et le fruité encore
présent.
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Verdict: Bien
équilibré, le fût de rhum apporte un beau fruité. Un beau
produit dans l'ensemble.
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86/100.
En espérant que ce
compte rendu vous apporte quelques lumières sur les gammes
officielles de chez Springbank; moi en tout cas j'y vois plus clair
depuis cette masterclass.